grand magasin, remplir à eux seuls un comptoir : tels les articles de Chine et du Japon, ou encore les tapis d’Orient, qui font presque 5 millions. Des étoffes de luxe se sont subdivisées en plusieurs rayons ; la soierie, au Louvre, en forme quatre à elle seule ; il est vrai qu’ils vendent ensemble pour 18 millions de francs.
Dans cette multiplication des branches commerciales, le Louvre devance d’ailleurs le Bon Marché. Il tient le service de table et la bougie, la cuivrerie et les articles de ménage que son rival n’a pas encore abordés. Cette infinie diversité explique que la vente journalière, dont le minimum n’est guère inférieur à 250 000 francs, se soit élevée parfois à un maximum de 2 600 000 francs, lors des coups de collier périodiques donnés par le grand magasin. Le succès de chaque rayon varie avec la mode, la saison, le genre de la clientèle. Un seul article, le « jersey », après avoir atteint à la Samaritaine le chiffre de 1 600 000 francs, est aujourd’hui tombé à moins de moitié dans cette maison et beaucoup plus bas dans d’autres. Mais, dans son ensemble, le mouvement d’affaires croit sans cesse ; et qui oserait affirmer qu’il soit près de s’arrêter ? De nouveaux comptoirs seront imaginés peut-être : le Printemps, qui a renoncé à la vente du sucre, a imaginé de faire la banque. Il reçoit des fonds en comptes courans, et perd sur son « rayon d’épargne », parce qu’il le regarde comme un fructueux moyen de publicité.
La maison de nouveautés dont l’objectif jadis était exclusivement l’élément féminin, — « la conquête de la femme », comme dit M. Zola, dans sa vivante peinture du magasin étalagiste et tapageur d’il y a vingt-cinq ans, — recherche aussi maintenant la clientèle masculine. Les vêtemens pour homme font, au Bon Marché, 3 500 000 francs. De son côté la maison de confection à l’usage du sexe fort, la Belle Jardinière, se préoccupe d’atteindre la clientèle féminine. Elle a débuté par les amazones, est passée au « vêtement tailleur », et s’introduit peu à peu dans la nouveauté. Ainsi les ambitions s’opposent et se mêlent ; les cadres, même les plus récens, se brisent.
L’absence de la comptabilité-matières dans les grands magasins fait qu’ils ignorent le chiffre des vols commis à leur préjudice et que ces vols peuvent même passer inaperçus dans le rayon, lorsque leur objet est de peu d’importance. L’administration a calculé qu’il lui est moins onéreux de passer ces mêmes larcins par « profits et pertes », que de dépenser en personnel un demi-million