En réalité, partout le fumier de ferme reste la base de la fumure : son emploi est avantageux parce qu’il apporte les matières fertilisantes à meilleur (compte qu’on ne pourrait les acquérir sur le marché ; il est nécessaire parce qu’il fournit les matières ulmiques, difficiles à acquérir et indispensables au maintien de la fertilité.
Les cultivateurs des environs de Paris ont cependant une autre ressource : ce sont les immondices, les résidus de cuisine, les débris de toutes sortes recueillis dès la première heure, d’autant plus rapidement qu’au lieu de s’éparpiller sur le sol, ainsi qu’on le voyait naguère, ces détritus sont réunis dans des boîtes métalliques qui sont montées dans les charrettes, basculées, vidées et remises en place en quelques instans. Réunies en grandes masses à Gentilly et à Bagneux, les ordures y éprouvent un mouvement de fermentation, s’oxydent, noircissent et présentent alors une composition assez analogue à celle du fumier de ferme. Des dépôts, les gadoues, c’est le nom que prennent ces résidus après fermentation, sont expédiées dans les gares, où les cultivateurs viennent les acheter au prix de 6 à 8 francs la tonne.
Leur emploi n’est pas sans présenter quelques inconvéniens : outre l’odeur insupportable qui, pendant plusieurs jours après leur épandage, se répand dans la campagne, les fragmens de verre, de poterie, de boîtes métalliques que la gadoue amène dans les champs, risquent de blesser les animaux de labour, et le ramassage entraîne quelque dépense. Quoi qu’il en soit, on trouve encore le placement de ces résidus, et si les chemins de fer consentent à les transporter à bas prix à des distances plus grandes qu’ils ne le font aujourd’hui, on n’en sera pas réduit à brûler les ordures, ainsi que cela a lieu à Londres et à Berlin.
Les grandes villes abandonnent encore à la culture d’autres débris : toutes les parties des animaux sacrifiés dans les abattoirs ne sont pas comestibles, la consommation de la viande de cheval est faible, le sang, la chair non employés dans les boucheries passent aux fabriques d’engrais.
Le sang se corrompt si facilement que pour l’utiliser il faut toujours lui faire subir une préparation ; on y emploie le perchlorure de fer : la coagulation du sang est très rapide ; on dessèche à l’étuve et on obtient une matière noire, très riche en azote, qui se prête facilement au transport et à l’épandage.
Pour préparer les engrais de viande, on découpe les animaux en gros morceaux, que l’on dispose régulièrement dans de