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des plantes qui en quelques mois accomplissent leur évolution ; aussi, a-t-on essayé de hâter la décomposition de la laine en la traitant, soit par de la vapeur d’eau surchauffée, soit par l’acide sulfurique ; on fabrique ainsi un produit connu sous le nom de laine dissoute, ou encore d’azotine, beaucoup plus efficace que la laine brute.

Souvent cependant les vieux vêtemens de laine pure sont utilisés autrement ; soumis à un travail mécanique spécial, la fibre peut être tissée de nouveau ; ces étoffes de médiocre qualité ont reçu un nom qui fait honneur à l’esprit inventif des fabricans, on les appelle de la renaissance : un vieux vêtement, fatigué, troué, hors d’usage, est travaillé, et sa matière première reparaît avec un lustre nouveau : c’est une renaissance de la laine. Quand les tissus sont laine et coton, ce travail n’est plus possible, et l’on soumet alors ces étoffes à l’action de la vapeur d’eau surchauffée : les fibres animales se désagrègent, forment une masse noirâtre ayant l’aspect du cirage, qui vaut seulement par les 9 à 12 centièmes d’azote qu’elle renferme ; quant aux fibres végétales qui ont résisté à la vapeur, elles servent à la fabrication des papiers communs.

On a également employé comme engrais azoté les débris de cuir. Simplement moulus, ils ne se décomposent qu’avec une très grande lenteur. Mais lorsqu’ils ont été soumis à l’action de la vapeur surchauffée, ils deviennent très friables. L’action de ces engrais azotés est assez lente ; je les ai employés au champ d’expériences de Grignon sur une culture de pommes de terre : la récolte n’a pas été augmentée. Un blé qui a succédé aux pommes de terre n’a guère bénéficié non plus de cet engrais enfoui dans le sol l’année précédente, et je commençais à désespérer d’en tirer le moindre parti, quand il marqua d’une façon très sensible, sur un second blé, par conséquent trois ans après son épandage.

Les tournures de corne, ou les cornes torréfiées sont plus actives ; aucun de ces engrais d’origine animale ne vaut cependant le guano qui, après avoir été très employé pendant une trentaine d’années, est aujourd’hui un peu délaissé depuis que les dépôts les plus riches commencent à s’épuiser. On trouve du guano sur un grand nombre d’îlots où les oiseaux de mer viennent se réfugier : ils couvrent le sol de leurs déjections au milieu desquelles sont souvent enfouis leurs cadavres momifiés.

Le guano le plus recherché parce qu’il renfermait, outre du phosphate de chaux, des quantités notables d’ammoniaque unie aux acides carbonique, urique et oxalique se trouvait sur des îlots voisins de la côte du Pérou ; les oiseaux pêcheurs pullulent sur cette côte.