les a portées et les débris laissés par les récoltes dont une partie seulement est utilisable par l’industrie.
Si on compare à l’immense quantité d’azote que les fleuves conduisent à la mer à l’état de nitrates, les minimes proportions de matières azotées que nous rend l’Océan sous forme de poisson, de guano ou de plantes marines, on est convaincu que la partie émergée du globe donne infiniment plus qu’elle ne reçoit ; elle s’épuiserait d’azote combiné et la vie y deviendrait impossible si l’azote de l’air ne se fixait dans le sol[1]. M. Berthelot nous a enseigné depuis plusieurs années que cette fixation est due à l’activité vitale des bactéries ; plus récemment l’éminent secrétaire perpétuel et M. Winogradsky ont réussi à isoler les espèces particulièrement aptes à cette fonction capitale. Nous savons en outre que les diverses plantes appartenant à la famille des légumineuses, portent souvent sur leurs racines des nodosités peuplées de bactéries fixatrices d’azote gazeux ; que, par suite, ces plantes enrichissent d’azote le sol qui les a portées et méritent absolument le nom de plantes améliorantes que leur ont donné les cultivateurs, bien avant qu’on eût découvert le rôle capital qu’elles remplissent dans le maintien de la fertilité.
Les notions nouvelles acquises à la suite des remarquables travaux de MM. Hellriegel et Wilfarth expliquent que, depuis l’antiquité la plus reculée, on ait semé, puis enfoui comme engrais vert, des légumineuses. Il y a plus de vingt siècles que les agronomes latins conseillaient de semer la vesce ou le lupin pour les retourner au moment de la floraison et enrichir ainsi les terres inaccessibles aux chariots chargés de fumier. Dans les contrées où le loyer de la terre est élevé, nous ne consentons pas à sacrifier toute une saison pour obtenir une plante destinée à être enfouie comme engrais ; nous tournons la difficulté par deux méthodes différentes : ou bien nous semons du trèfle dans une avoine, ou bien nous donnons après la moisson un léger labour de déchaumage, puis nous semons de la vesce ; ces deux plantes occupent le sol pendant tout l’automne, mais tandis que le trèfle est conservé, passe l’hiver, donne deux coupes l’année suivante et n’est enfoui qu’après avoir vécu seize mois, la vesce, qui gèle facilement, est retournée par les grands labours de novembre.
Ce semis des cultures dérobées d’automne en usage dans quelques-uns de nos départemens depuis un temps immémorial, tend à se généraliser, et il se répandra d’autant plus vite qu’on en comprendra mieux les avantages. J’en ai déjà entretenu les lecteurs de la Revue[2], je n’y reviendrai que pour indiquer un