du pouvoir exécutif est contraire au principe même de l’institution. En Amérique aussi, le président est rééligible, et, par suite d’une tradition qui a été établie par Washington lui-même, il lui arrive assez souvent de poser une seconde et dernière fois sa candidature ; mais la durée de ses pouvoirs n’est que de quatre ans, de sorte que, s’il est réélu, il gouverne huit années seulement. En France la durée du mandat présidentiel est de sept années. Si le président est réélu, et s’il arrive par miracle à l’expiration de son second mandat, il se perpétue au pouvoir pendant quatorze ans. Nul doute que ce terme ne soit trop long, car il représente presque, comme on l’a dit, la durée moyenne d’une monarchie chez nous, au moins depuis un siècle. Pourtant là n’est pas à nos yeux le principal argument contre le renouvellement du mandat présidentiel : il est dans l’origine même de ce mandat. En Amérique, le président est élu par un Congrès spécial, qui est élu lui-même uniquement pour remplir cette fonction d’un jour, et qui, n’existant pas la veille, disparait le lendemain. En France, au contraire, ce sont les chambres, réunies en Assemblée nationale, qui forment le corps électoral présidentiel. Le président connaît par avance ses électeurs, et, s’il vise à une élection nouvelle, il est facile d’apercevoir les conséquences graves qui peuvent en résulter. Elles sont graves pour les chambres, où l’action personnelle du chef de l’État, de ses amis, de ses agens, ne manquera pas de s’exercer dans les conditions les plus dangereuses pour la pleine liberté parlementaire. Elles ne le sont pas moins pour le président lui-même, qui, dans l’obligation où il se trouve de ménager ses électeurs, ou de les gagner, ou de les corrompre, tombe à son tour sous leur main et risque de perdre, en même temps que la claire notion des intérêts généraux du pays, l’indépendance et le désintéressement nécessaires pour les bien servir.
Cette indépendance, M. Casimir-Perier se l’est assurée du premier coup. Fort de ses droits, qu’il ne laissera ni méconnaître ni prescrire, ce n’est pas assez de dire qu’il n’est pas l’homme d’un parti ; il n’est même plus celui des chambres qui l’ont élu, et qui d’ailleurs sont appelées à se renouveler avant l’expiration de ses propres pouvoirs ; il est uniquement l’homme de la Constitution. Il n’a rien à demander à personne, rien à attendre, rien à solliciter, puisqu’il ne désire rien, sinon la pleine liberté de remplir son devoir dans le |seul intérêt de la France et de la République. En prenant cette résolution et en la faisant connaître dès le premier jour, il s’est placé personnellement dans une situation inaccessible, et, à mesure qu’il approchera du terme de son septennat, il échappera davantage, non pas aux tentations personnelles au-dessus desquelles son caractère l’aurait toujours maintenu, mais à celles que d’autres auraient pu éprouver et subir contre lui. Son désintéressement de l’avenir fait sa force dans le présent et assure son autorité. Quoi qu’il fasse, nul ne pourra dire ou croire que M. Casimir-