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Page:Revue des Deux Mondes - 1894 - tome 124.djvu/626

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rejoindre l’armée de Dumouriez, et, le lendemain de la victoire de Jemmapes, leur directrice improvise sur le champ de bataille une représentation dont voici le programme :


LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE
Cantate chantée par MM. Elleviou, Gavaudan et Lartigues,
du Théâtre Favart de Paris.

LA DANSE AUTRICHIENNE
OU
Le Moulin de Jemmapes.
Ballet arrangé par M. GALLET, auteur du ballet de Bacchus à l’Opéra.
Rôles principaux :
M. Sevestre et Mlle Rivière, du Théâtre Montansier.
Cette pièce sera terminée par une sauteuse exécutée par les Autrichiens.

Avis. — Le public est prié de ne pas oublier que ces Autrichiens seront des Français, déguisés ainsi pour les besoins de la représentation.


LE DÉSESPOIR DE JOCRISSE
Pièce de M. DORVIGNY,
Jouée par MM. Baptiste Cadet, Durand, Gilbert, Mlle Caroline
et le petit Truffaut, tambour à la 27e.
MUSIQUE DU BATAILLON DE LA DEULE

Le spectacle se terminera par un feu d’artifice, tiré par les canonniers de la 1re batterie. — La plaine sera ouverte depuis le matin. — Le spectacle commencera à 2 heures.


La fête eut le plus grand succès, et, le lendemain même, la troupe des artistes patriotes reprenait la route de Paris, sous le commandement de la Montansier, comédienne médiocre, mais directrice admirable, experte dans l’art de jouer du patriotisme, dont la vie tumultueuse présente un singulier exemple d’énergie et d’habileté mal servies par les circonstances.

On n’en finirait pas d’énumérer les manifestations patriotiques des artistes pendant la Révolution : ces actrices qui figurent les déesses de la Raison à la fête du 10 novembre 93 ; Chénard chantant la Marseillaise en sabots et en carmagnole devant la place Louis XV ; les héros de la fête de l’Agriculture, de la fête de la Vieillesse, conduits au Vaudeville, au théâtre des Arts, promenés sur la scène, le front ceint de pampres, assis sur une chaise, tandis qu’on chante des couplets en leur honneur et que des enfans costumés en Amours les couronnent de roses ; les obsèques de Marat, la fête de la Raison, celle de l’Être suprême intercalées dans des pièces, à l’Opéra, aux Variétés Amusantes, à la Cité Va-