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résultat n’a rien d’inquiétant, à bien y regarder, pour la Grande-Bretagne, même en Europe. Sa part dans les importations de tous les pays sauf trois est au-dessus de 20 pour 100, tandis que, pour l’Allemagne, l’exception s’étend à six pays. Il est vrai que, grâce à sa situation au centre du continent européen, la part de celle-ci dépasse 30 pour 100 dans cinq cas.

Les tables nous montrent encore quelles vicissitudes a subies la part de l’Angleterre dans le commerce total du monde. Il y a eu un léger fléchissement dans la proportion, mais l’écart est peu significatif en regard de l’énorme développement qu’a pris le commerce du monde entier. Au Japon, toutefois, bien que les transactions de la Grande-Bretagne n’aient subi aucune réduction absolue de volume de 1884-85 à 1890-91, sa part proportionnelle a notablement décru. Quant à l’Allemagne, elle a élevé dans une légère mesure sa proportion dans les pays hors d’Europe, et c’est tout. Les grands succès de la compétition allemande ne sont donc que vains mots, et, comme le dit doctement le Times, il y a là un exemple de plus de l’erreur vénérable qui consiste à généraliser sur des cas trop particuliers. Malgré tout, les tables de M. Giffen concluent à une très faible décroissance, non pas certes absolue, mais proportionnelle, du commerce de la Grande-Bretagne ; et cette décroissance est surtout sensible dans le total des réexportations : l’Angleterre n’est plus au même degré que naguère le grand emporium du monde, l’universel dépôt des marchandises venues de tous les coins du globe. L’ouverture du canal de Suez et les progrès de la navigation à vapeur ont facilité les relations directes entre les pays qui produisent et les nations qui consomment, encore que ce mouvement s’opère avec une grande lenteur.

On a vu plus haut combien peu de marchandises la France envoyait en Russie, la valeur moyenne pour les dernières années n’ayant pas dépassé 14 millions de francs, alors que nous achetions à notre grande alliée, bon an, mal an, pour 200 millions de francs environ, surtout des céréales. C’est que la Russie, d’une manière générale, vend plus qu’elle n’achète. D’autre part, la masse de ses importations en objets fabriqués lui vient d’Allemagne, et c’est là que se marque l’utilité du traité de commerce conclu entre les deux empires. Les exportations russes ont varié, en valeur, de 752 à 687 millions de roubles de 1889 à 1891. À la suite de la grande famine qui sévit en 1891, les envois à l’étranger baissèrent à 471 millions en 1892. C’était sur le total de l’année précédente une réduction de 230 millions de roubles crédit, soit, au cours du change, environ 575 millions de francs. Un relèvement