Page:Revue des Deux Mondes - 1894 - tome 124.djvu/825

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ô Dieu ! de Mendelssohn. Mais tout le monde a gardé l’impression que ce jour-là la musique avait remporté un de ses plus beaux triomphes ; comme Orphée, elle avait dompté le monstre de l’intolérance et de la discorde !

3o Ainsi le congrès de Chicago a réalisé l’accord des confessions chrétiennes sur la « plate-forme » de la charité et de la lutte contre les misères sociales, sur la base de la prière et du chant spirituel. Est-il possible d’aller plus loin et d’atteindre l’unité doctrinale et sacramentelle ? Et puis même, est-ce désirable ? — Qu’une entente entre les sociétés soit utile et même indispensable à l’œuvre missionnaire, si on ne veut pas la voir paralysée dans l’Extrême-Orient, c’est ce que le révérend G. Candlin a démontré clairement. Mais entente ne signifie pas fusion, et il ne faut pas confondre l’esprit sectaire avec l’esprit de corps ou l’esprit d’Église qui a sa raison d’être. « Les Églises historiques, — a dit Philippe Schaff dans un mémoire sur la réunion du christianisme, qui a été comme son testament religieux, — représentent les aspects variés de la foi chrétienne et se complètent mutuellement. C’est chez les peuples les plus actifs et les plus civilisés que les dénominations religieuses sont le plus nombreuses. Toutes ces divisions de la chrétienté doivent servir, dans la pensée de la Providence, à former un jour une plus grande harmonie. » Mais la réconciliation est-elle possible entre elles ? Oui, répond Schaff, car toutes sont d’accord sur l’adoration d’un seul Dieu, la reconnaissance d’un seul Christ, et de la même Bible, trésor de ses révélations, la croyance à la loi morale et à la vie future. « Pourquoi le pape, — s’est écrié en terminant le professeur Schaff, — dans l’esprit de Grégoire Ier et s’inspirant d’une autorité supérieure, ne déclarerait-il pas infailliblement sa propre faillibilité dans les matières qui sont en dehors de son Église ? Pourquoi n’inviterait-il pas les Grecs et les protestans à un concile pan-chrétien de Jérusalem, là où l’Église-mère de la chrétienté a tenu sa première assemblée de pacification ? »

La deuxième partie de cette proposition n’est pas aussi étrange que la première, et la preuve, c’est que Léon XIII, dans l’encyclique Præclara gratulationis, a exaucé le vœu du professeur Schaff ; mais le résultat a prouvé que le sacrement de l’Eucharistie n’offrait pas un trait d’union plus commode à Jérusalem qu’à Marbourg ou au concile de Bâle, avec les Hussites. Il faut donc trouver une base plus large, sans rester dans le vague, et plus précise, sans tomber dans l’uniformité. « Ce qu’il faut rechercher, a fort bien dit le chanoine Freemantle, agrégé de Baliol Collège (Oxford), c’est l’unité de l’esprit, c’est-à-dire l’entente et la sympathie sur certains objets, qui conduiront à la coopération. La foi, dans sa