Page:Revue des Deux Mondes - 1894 - tome 124.djvu/905

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le liquide, entraîne avec lui la plupart des impuretés que renfermaient les jus ; aussi, après cette purification sont-ils conduits aux appareils d’évaporation. Quant à la boue calcaire qui tombe au fond des cuves, on la soumet dans des appareils spéciaux dits filtre-presses à une pression suffisante pour en extraire tout le jus sucré qu’elle renferme. Les résidus pressés forment les écumes de défécation ; elles renferment, outre une grande quantité de chaux, les matières organiques azotées solubles extraites de la betterave en même temps que le sucre et qui n’ont pas été décomposées pendant le traitement ; elles augmentent quelque peu la valeur comme engrais des écumes de défécation, que les cultivateurs des terres fortes emploient avec d’autant plus d’avantage que le prix en est très bas.

Il n’en est pas ainsi de la chaux vive : aussi les chaulages à très forte dose, s’élevant à 3 ou 400 hectolitres, comme on les pratique quelquefois en Angleterre, sont-ils souvent onéreux, ou au moins représentent-ils une très grosse avance. Un hectolitre de chaux vaut au four environ 1 fr. 50 ; mais, conduit aux champs, incorporé au sol, sa valeur a au moins doublé : un chaulage à 100 hectolitres à l’hectare représenterait donc une avance de 300 francs, qui serait, dans les comptes, répartie sur une dizaine d’années. Les quantités de chaux répandue varient, suivant la nature des terrains, entre des limites très écartées ; on est guidé par les résultats obtenus : si, sur une terre qui ne portait, avant le chaulage, aucune légumineuse, on voit apparaître le petit trèfle blanc des prairies, la dose de chaux est suffisante ; si au contraire aucune modification sensible de la flore primitive ne se produit, la quantité de chaux employée est trop faible.


II

Bien que le plâtre soit du sulfate de chaux, et que par conséquent il renferme la même base que la marne ou les calcaires employés à la fabrication de la chaux, son action est très spéciale et tout à fait différente de celle des amendemens calcaires. Il n’agit que sur les prairies de légumineuses, sur les prairies artificielles : trèfle, luzerne ou sainfoin.

On n’a commencé à l’employer qu’à la fin du siècle dernier ; c’était le moment où Schubart, animé d’un ardent désir de faire progresser l’agriculture, cherchait à développer en Allemagne la culture du trèfle : il multipliait les essais, les recommençait chaque année, et sans cesse par ses écrits vantait sa plante de