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d’équipement du corps d’armée concentré et immobilisé à Melilla, Moulaï-el-Hassan s’engageait à procéder dans le courant de l’année présente au règlement de la délimitation de la zone neutre destinée à prévenir le retour d’incidens aux alentours des présides, et à châtier les Rifains, auteurs des événemens survenus à Melilla aux mois d’octobre et de novembre 1893 : on devait agir dans cette occasion conformément aux lois, et suivant la procédure marocaine.

Sa Majesté Chérifienne était très préoccupée de l’état politique si fréquemment troublé aux environs de la côte du Rif ; elle se rendait en tout cas parfaitement compte du danger que le statu quo de son empire y courait. Aussi, dès le départ de l’ambassade du maréchal, bien qu’encore très fatigués des suites de l’expédition au Tafilelt, les fonctionnaires du makhzen reçurent l’ordre d’entreprendre à nouveau des préparatifs de mise en route. Le projet était de passer à Rabat et de gagner ensuite Meknas et Fez après avoir, chemin faisant, perçu de gros arriérés d’impôts chez les Zemmours. Il importait en effet de regarnir le trésor chérifien pour faire face aux engagemens financiers pris envers l’Espagne. D’autre part, le sultan estimait que sa présence s’imposait dans le royaume de Fez pour y surveiller, l’action de la colonne destinée à opérer dans le Rif. Mais parti de Merâkech le 21 mai, Moulaï-el-Hassan ne tarda pas à ressentir les atteintes du mal qui devait l’emporter ; il ne pouvait même plus monter à cheval et était transporté en litière.

Il succomba le 6 juin, à l’âge de 60 ans, d’une crise hépatique, au campement de Dar-ould-Ziddou, sur les limites de la région de Tadela. Le makhzen cacha la mort du souverain pendant quelques jours afin de permettre à l’armée de quitter le territoire des Beni-Zemmours sur lequel l’événement avait eu lieu. On redoutait en effet que ces tribus peu soumises ne profitassent du moment de désarroi général pour attaquer et piller peut-être le camp impérial. L’entourage de Moulaï-el-Hassan ayant proclamé son jeune fils Moulaï-Abd-el-Aziz, âgé de 14 ans, des courriers furent adressés à ce dernier, qui était à Rabat depuis quelque temps à la tête d’une colonne composée des contingens du nord de l’empire. L’armée se dirigea ensuite à marches forcées vers cette dernière ville, où fut inhumée la dépouille impériale que l’on avait traînée à la suite des troupes.


VII

Cet exposé du règne de Moulaï-el-Hassan permet de résumer son rôle dans l’histoire moderne du Maroc. Souverain d’une