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au sud-est. Cette dernière entrée a été murée par une maçonnerie aussi soignée que le reste de l’édifice. La porte du nord est surmontée d’une bande ornementale consistant en trois rangs de pierres faisant saillie et placées obliquement en sens contraire dans chaque rang ; le sol de cette ruine est en ciment, de même que dans les constructions de Zimbabyé ; M. Bent pense qu’elle était à la fois un temple et une forteresse protégeant une population qui habitait près des rives du fleuve et avait ses demeures groupées autour d’elle.

Nous avons terminé la description des monumens visités par M. Bent : il en existe dans la contrée beaucoup d’autres, entre autres les ruines de Tati et d’Impawke, que l’état troublé du pays au moment où il accomplissait son voyage n’a pas permis à M. Bent de visiter, mais qui ont été décrits par Carl Mauch.

Les murailles du fort de Tati, qui se trouve au centre d’anciens travaux miniers, étaient construites en blocs de granit de la dimension d’une double brique et reliés par du mortier ; les murailles ont de 12 à 15 pieds d’épaisseur, et les entrées étaient disposées de telle sorte qu’elles ne pouvaient livrer passage qu’à un seul homme à la fois, et être ainsi aisément défendues par les archers postés dans l’intérieur. Les constructions du fort de la rivière Impawke, situées à environ cent mètres de cette rivière, consistaient évidemment en une tour octogonale, dont les murailles avaient une épaisseur égale à celle des murs de Tati ; ces ruines sont en voie de disparaître complètement sous les coups répétés des démolisseurs qui en utilisent les pierres.

À quelle race d’hommes peut-on attribuer la construction de ces mystérieux monumens ? Il a été émis à ce sujet bien des hypothèses, dont aucune n’a jusqu’à présent semblé satisfaire complètement aux rigoureuses exigences d’une saine critique. Des découvertes ultérieures, celles d’anciennes sépultures, par exemple, pourront peut-être fournir inopinément les élémens d’une solution satisfaisante de ce problème. Du reste, l’impulsion est donnée, et les découvertes vont certainement se multiplier, cette contrée étant ouverte désormais aux investigations des savans de toutes nationalités, dont les efforts persévérans finiront sans doute par arracher leur secret à ces vénérables débris d’une civilisation disparue, débris d’une solidité qui défie l’usure des siècles et d’une ancienneté qui rivalise peut-être avec celle des monumens de l’antique Égypte.


TH. HALLEZ.