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Page:Revue des Deux Mondes - 1894 - tome 126.djvu/107

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LA PEINTURE ANGLAISE CONTEMPORAINE

II.[1]
SES MAITRES ACTUELS

I. — L’ART MYTHIQUE. — L’ART CHRETIEN. — L’ART ACADEMIQUE


I. — L’ART MYTHIQUE. — M. WATTS

M. Watts disait dernièrement à un ami : Je peins les idées, non les choses. Ce mot vaut une définition. Les idées, si elles ne sont pas le tout de l’art, sont le tout de Watts. Elles ont inspiré sa carrière ; elles sont la raison même de sa vie. Si M. Watts peint, ce n’est pas pour son plaisir, ni pour celui des autres. Il peint pour « être utile à sa génération ». Il peint pour moraliser les cockneys et pour faire réfléchir les clubmen sur leurs destinées. Il semble qu’un ange soit descendu des cieux et lui ait dit en anglais : Travaille ! Il n’importe que tu fasses de mauvais tableaux, mais il importe que tu sauves les âmes ! « Car la mission propre de l’art est d’inspirer aux hommes de grandes pensées et de grandes actions. Pour la remplir, il faut que l’artiste s’efforce d’incarner dans l’art un écho des intérêts essentiels de la vie, quelque chose de plus complètement suggestif pour le tout de l’humaine nature qu’une conception purement artistique… Mon but est et sera toujours non de faire des tableaux qui réjouissent les yeux, mais de pénétrer jusqu’à l’intelligence et l’imagination, d’y attiser ce qui est bon et noble et de retentir jusqu’au cœur. » On l’a appelé avec raison « le peintre des vérités éternelles ». On trouverait difficilement un tableau de lui qui ne fût un sermon. La Mort, le

  1. Voyez la Revue du Ier octobre.