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retour, hérédité de race, qui s’applique aux faits souvent observés d’atavisme, c’est-à-dire à la réapparition chez les descendans des caractères d’un ancêtre plus ou moins éloigné ; 4o Loi de l’hérédité homochrone, c’est-à-dire de l’apparition des caractères héréditaires aux mêmes époques de la vie chez les ascendans et chez les descendans. Les pathologistes font un abus de langage lorsqu’ils appliquent l’expression d’hérédité collatérale à la coexistence d’une même maladie chez des parens collatéraux : les faits de ce genre rentrent dans la loi de l’hérédité en retour ou atavique. On a admis une hérédité dite d’imprégnation, qui consisterait en ce qu’une femelle pourrait transmettre aux produits d’un second conjoint des caractères du premier ; les faits qui ont pu servir à appuyer cette hypothèse, dont M. Sanson a fait justice, sont probablement aussi des faits incompris d’hérédité en retour.

Il s’en faut d’autre part que l’hérédité morbide obéisse d’une façon constante aux lois de l’hérédité normale. C’est un fait notoire que dans les familles morbides les maladies ne se transmettent pas le plus souvent avec une similitude parfaite. L’hérédité homologue ou similaire qui s’observe surtout dans les maladies mentales est rare pour les autres maladies ; ordinairement la maladie se transforme dans les descendances : un diabétique donne naissance à un fils ataxique, à une fille hystérique, à une autre qui devient épileptique. On a groupé ces faits sous les désignations d’hérédité dissemblable, par transformation ou par substitution, désignations paradoxales, car c’est justement la ressemblance qui est le principal caractère de l’hérédité. John Hunter semble avoir prévu les objections que l’on peut faire à ce genre d’hérédité, quand il soutient qu’il n’existe pas de maladies héréditaires, à proprement parler, mais seulement une disposition héréditaire à les contracter. Cette hypothèse, encore qu’un peu vague, pouvait rendre compte non seulement de l’hérédité dissemblable, mais aussi de l’absence d’hérédité qui est heureusement assez fréquente. L’hérédité morbide a d’autant plus de chances de se manifester que les deux générateurs sont atteints de la même tare. Les mariages consanguins qui ont été accusés de jouer un rôle important dans la genèse des névropathies, de la surdi-mutité et des dégénérescences en général, n’agissent en réalité que par l’accumulation de l’hérédité. La consanguinité n’opère qu’en favorisant l’hérédité des qualités familiales bonnes ou mauvaises : dans les familles saines, elle est à rechercher ; dans les familles morbides, elle est à éviter ; la zootechnie fournit de nombreux faits à l’appui de cette opinion, déjà suffisamment justifiée par les observations sur l’homme.

La sélection pathologique des névropathes, qui semblent s’at-