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L’HÉRÉDITÉ MORBIDE



I. A. Sanson, l’Hérédité normale et pathologique, 1893. — II. Nordau, Dégénérescence, 1893. — III. Ch. Féré, la Famille névropathique, théorie tératologique de l’hérédité et de la prédisposition morbides et de la dégénérescence, 1894.


La maladie est une peine non seulement lorsqu’elle arrive en réalité, mais même lorsqu’elle ne vient pas, si on a de bonnes raisons de la craindre pour soi-même ou pour les siens. Vivre sous la menace du mal est une souffrance perpétuelle. Or, une des raisons de craindre les plus légitimes est sans contredit l’hérédité, qui dans un grand nombre de maladies passe pour fatale. L’étude de l’hérédité morbide est donc pleine d’intérêt, non seulement parce que la connaissance de ses lois impose des mesures préventives ; mais parce que l’étude particulière des restrictions qu’on peut apporter à la fatalité de ces lois a aussi un résultat avantageux, qui est de soulager en les rassurant ceux qui n’ont plus qu’à subir leur sort. À ce double point de vue, la question de l’hérédité morbide mérite considération autant au point de vue pratique, qu’au point de vue théorique.

Qu’est-ce donc que l’hérédité morbide ? L’hérédité biologique, dit Sanson, est la transmission des ascendans aux descendans, par voie de génération sexuelle, des propriétés ou qualités naturelles ou acquises. Parmi les propriétés acquises, il faut comprendre les propriétés morbides. L’hérédité des propriétés morbides paraît obéir aux mêmes lois que celles de l’hérédité des propriétés naturelles, pour laquelle on peut accepter les formules de Darwin : 1o Loi de l’hérédité directe et immédiate, d’après laquelle les parens tendent à léguer leurs caractères physiques et moraux à leur descendans directs ; 2o Loi de prédominance de l’hérédité directe, suivant laquelle les caractères de l’un des deux générateurs prédominent dans le produit ; 3o Loi d’hérédité en