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tions, chocs, mauvaise alimentation, alcoolisme, ou toute autre intoxication, infections, etc. On a noté la plus grande fréquence des malformations chez les enfans naturels, dans les cas de conception pendant l’ivresse, de disproportion d’âge des générateurs, etc.

Si au point de vue du développement et des anomalies intellectuelles le sexe masculin paraît présenter une tendance plus marquée à la variation, il paraît en être de même au point de vue de la morphologie. M. Francis Warner ayant passé en revue tout récemment, dans les écoles d’Angleterre, 50 000 enfans, trouve 8,77 pour 100 d’anomalies physiques chez les garçons et seulement 6,78 chez les filles ; les anomalies fonctionnelles se trouvent aussi plus fréquentes chez les garçons dans cette enquête. Une étude de ce genre devrait comprendre aussi les enfans qui ne fréquentent pas l’école pour cause d’infirmités. Néanmoins son résultat concorde avec les statistiques chirurgicales qui nous montrent que les anomalies de développement les plus communes, comme le bec-de-lièvre, sont plus fréquentes dans le sexe masculin.

Les rapports de la tératologie avec la pathologie peuvent être illustrés par des faits nombreux et variés, dans lesquels on voit une anomalie locale d’un organe ou d’un tissu déterminer le siège d’une lésion pathologique, et montrer que les défauts congénitaux constituent les facteurs personnels les plus importans des maladies. Ce n’est pas abuser de l’hypothèse que d’admettre que les organes qui montrent des aptitudes fonctionnelles restreintes ont quelque défaut de développement anatomique. Du reste, dans l’évolution normale des organes, nous voyons que certaines parties qui se sont développées plus péniblement et plus lentement, et sont plus sujettes à des anomalies, subissent les premières l’atrophie sénile. Il n’y a pas lieu de s’étonner qu’elles subissent aussi plus facilement l’influence des agens morbides.

Comme la monstruosité, la prédisposition morbide est le résultat d’une évolution troublée. De même que, dans les familles, les anomalies de formes peuvent présenter des localisations très diverses, de même les anomalies de structure peuvent varier de siège. On peut ainsi comprendre comment, sous l’influence des conditions diverses qui provoquent d’ordinaire les manifestations des maladies héréditaires — puberté, ménopause, fatigue, chocs physiques ou moraux, intoxications, infections — on voit survenir dans une même famille des affections diverses, mais portant le plus souvent sur le même système. Il est à remarquer que la plupart de ces conditions provocatrices n’agissent qu’en raison de l’épuisement qui en résulte. On inscrit souvent la croissance au