Page:Revue des Deux Mondes - 1894 - tome 126.djvu/451

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

qui ont été signalés dans l’hérédité pathologique. Si on voit assez souvent des malformations comme le sexdigitisme, la syndactylie, l’ectrodactylie se transmettre directement pendant plusieurs générations, bien plus souvent on voit dans une même famille des malformations différentes. C’est que, suivant l’âge de l’embryon auquel un même trouble de nutrition se produit, la malformation peut varier de forme et de siège. On a même admis que la variation des espèces pouvait avoir une origine tératologique ; cependant on ne connaît guère de malformations qui se soient établies définitivement. On peut citer les chats sans queue du Japon et de l’île de Man ; mais en admettant l’origine tératologique de ces races, elles constituent une exception unique.

Si on observe souvent des malformations variées dans la même famille, il n’est pas rare non plus de rencontrer la multiplicité des anomalies chez le même individu ; et c’est cette multiplicité qui mérite surtout d’appeler l’attention.

La plupart des malformations compatibles avec la vie peuvent coïncider avec les affections du système nerveux : et les malades dont le système nerveux est le plus gravement atteint sont justement ceux qui présentent le plus souvent des malformations multiples : les idiots, les imbéciles présentent presque toujours des anomalies congénitales qu’on retrouve aussi fréquemment chez les sourds-muets, chez les épileptiques, etc. Chez les aliénés on rencontre des anomalies moins grossières, mais qui paraissent de plus en plus fréquentes à mesure qu’on étudie avec plus de soin la morphologie de ces malades. Pour les névropathes, l’étude des anomalies physiques est encore le plus souvent négligée ; mais elles n’en sont pas moins très fréquentes chez eux. Plus une névropathie laisse d’importance aux conditions causales accidentelles, moins les malades qui en sont atteints présentent d’anomalies morphologiques. Chez les épileptiques qui ont été atteints à un âge avancé et qui avaient résisté par conséquent à un grand nombre d’agens provocateurs, on trouve beaucoup moins d’anomalies que chez ceux qui ont été atteints dans l’enfance ou dans l’adolescence. Si les premiers ont tenu contre un plus grand nombre de causes occasionnelles, c’est qu’ils étaient moins prédisposés, comme ils étaient moins anormaux.

Les malformations tératologiques ne se rapprochent pas seulement des névropathies par leur parenté et par les caractères de leur hérédité ; mais on peut retrouver dans leur genèse, en dehors de l’hérédité, toutes les conditions défectueuses de la génération et de la gestation qui ont été accusées, et à juste titre, de pouvoir donner naissance aux maladies du système nerveux : émo-