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FORS L’HONNEUR


I

Un petit mitron blanc qui se carrait, sa manne en tête, devant la porte du quartier, ne se rangea pas assez vite, comme la jument de Louvreuil sortait. Elle était peureuse, et fit un violent écart. Son cavalier la ramena frémissante, mâchant le mors, en un pas de danse relevé.

Du coup, la jolie pâtissière de la rue Grande, Mme Quenette, surgit, avec son sourire de commande, ses yeux noirs et ses robes légères, dans l’esprit du capitaine : association d’idée fortuite, d’ailleurs, et qui le laissa parfaitement calme. Si, comme tous les officiers du 27e chasseurs à cheval, il trouvait Mme Quenette appétissante, sous la poudre de riz qui duvetait ses joues et faisait penser au sucre saupoudrant ses gâteaux, c’était en tout bien tout honneur, et pour ce plaisir désintéressé qu’inspire la vue d’un minois frais.

— Psst ! Louvreuil !

Du trottoir, un de ses camarades, le marquis d’Yèbles, le hélait, sanglé d’un complet clair et prêt à monter dans un boghey attelé d’un poney d’Irlande, que maintenait un groom en livrée et bottes à revers.

— Tu suivras le rallye, Olivier?

Louvreuil fit un signe affirmatif.

— Tu monteras ton anglaise?

Nouveau signe de tête. D’Yèbles se grattait l’oreille, perplexe. Ses yeux vifs, des yeux d’enfant drôles et fous, animaient ses traits fripés de viveur.