nouveau et ne fut plus un soleil, mais quelque ouverture percée à travers cette calotte de plomb, un trou foré comme au trépan dans ce crâne que l’humanité démente remplit à jamais de ses songes et de ses crimes, du bien qu’elle rêve et du mal qu’elle accomplit. Les zouaves prêtaient l’oreille. Ils sentaient s’approcher l’instant d’agir, et croître à mesure, et peser sur les leviers de leur conscience la cause intime qui les faisait agir. Mais d’abord ils ne perçurent que les sifflets de la bise; puis des salves diffuses leur parvinrent d’un point indéterminé de l’horizon.
— C’est là, dit Fernand de Ferron, et il montrait du doigt la direction d’Artenay.
— Non, reprit un autre, entendant vers Loigny des détonations plus sourdes, mais plus fréquentes : la bataille est au nord...
— Où qu’elle soit, Dieu nous y garde notre place... répondit le Père ; et, dans un silence résigné, ils s’acheminèrent une fois de plus vers la place d’alarmes.
A l’Est, au Nord, partout déchaînée, la bataille ardente développait autour de Patay son cercle de feu et de sang.
On sait quelle était, pour les journées du 1er et du 2 décembre la vaste tentative de l’armée de la Loire. Se porter sur Pithiviers en refoulant ou en perçant les forces allemandes interposées, rejoindre à Fontainebleau l’armée de Paris, qui bien loin d’avoir atteint Épinay-sur-Orge ainsi qu’une erreur de mots le faisait croire à Tours, luttait alors péniblement sur le terrain de Champigny : c’était là l’événement chimérique auquel les 15e 16e et 17e corps d’armée allaient s’employer.
Cette conception stratégique, étrangère aux vues du général en chef d’Aurelle de Paladines, mais imposée par le gouvernement quant au plan et quant à la date, était déférée telle quelle au commandement militaire, qui ne décidait plus que de l’exécution tactique. Ce partage anormal de l’autorité pouvait se trouver légitimé par les circonstances, mais il compromettait d’avance le résultat; car, sans doute, toute œuvre est mort-née à laquelle l’ouvrier principal ne croit pas. L’insuffisance de ses outils, son ignorance de son but propre, créaient pour lui d’autres faiblesses : sa cavalerie, par exemple, médiocre en soi et médiocrement utilisée, ne lui apportait que peu de renseignemens sur la position de l’adversaire; et bien qu’il ne dût avoir affaire dans la journée du 2 qu’aux forces du duc de Meklembourg-Schwerin, il pouvait encore craindre l’intervention de Frédéric-Charles. Ainsi, d’une part, la formulation d’un ordre impératif, de l’autre, le manque