Page:Revue des Deux Mondes - 1894 - tome 126.djvu/793

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Un mois plus tard, ces deux armées auraient été augmentées : 1° de 23 500 rappelés, qui à la date du 11 juin avaient reçu des feuilles de route, mais n’étaient pas encore arrivés dans les dépôts; 2° de 46500 conscrits de 1815 qui à cette même date étaient réunis aux chefs-lieux des départemens; 3° de 15 000 mobilisés mis en route à la mi-juin pour les points de concentration ; 4° de 6 000 fusiliers marins en recrutement dans les circonscriptions maritimes. Enfin, du 15 juillet au 25 septembre, on aurait eu les 78 000 hommes formant le complément du contingent de 1815 et les 84 000 hommes formant le complément de la levée des gardes nationales mobiles. Il aurait même été possible de mobiliser encore 60 000 ou 70 000 gardes nationaux en appliquant aux départemens de l’Ouest, pour lesquels ils avaient été différés, les décrets de mise en activité et en ordonnant un nouvel appel dans toute l’étendue de la France. Quand Napoléon disait que le 1er octobre l’armée se serait élevée à 800 000 hommes, il ne se faisait pas tant d’illusions.


IV

En exécution des décrets de Lyon, les officiers qui, ayant émigré ou quitté le service à l’époque de la Révolution, avaient été introduits dans l’armée depuis le 1er avril 1814, furent rayés des contrôles[1]. Nombre de ces officiers étant pourvus d’emplois dans la maison militaire et les états-majors des divisions et des places, les cadres des régimens ne furent que peu affaiblis par

  1. En outre, une commission composée des généraux Arrighi, Girard, Berthezène. Sebastiani, La Roncière, Bernard et Lallemand, fut instituée le 2 avril pour réviser les promotions dont les officiers de l’ex-armée impériale avaient été l’objet sous Louis XVIII. Les procès-verbaux de cette commission n’existent pas aux Archives de la Guerre (du moins nous n’avons pu les y découvrir) et les rétrogradations prononcées par elle ne figurent naturellement pas sur les états de service des intéressés, pas plus d’ailleurs que n’y sont portées les destitutions faites pendant les Cent Jours. Dans une lettre annexée au dossier personnel de Berthezène, ce général dit que le travail de la commission ne fut pas terminé et n’eut aucune suite. En tout cas, cette commission paraît avoir été extrêmement rigoureuse. Sur 66 promotions d’officiers supérieurs faites par le Roi dans la cavalerie de ligne, elle proposa la confirmation de 36 et l’annulation de 30 ; elle conclut aussi à la rétrogradation comme brigadiers de divisionnaires tels que Préval et Latour-Maubourg. (Davout à Napoléon, 6 avril, 28 mai, 7 et 14 juin : Arch. Nat., AF, IV, 1940 et 1939.)