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désir de la compagnie de reconquérir son autonomie financière[1].

Le Midi, qui a demandé pour le dernier exercice 17 millions à l’Etat, sera vraisemblablement en mesure, grâce à la progression actuelle de ses recettes, de diminuer dès l’année prochaine ce chiffre de 2 à 3 millions. L’Orléans, qui pendant longtemps ne demanda rien, fait maintenant appel à la garantie pour une somme de 12 millions : ce chiffre est susceptible d’augmenter pendant plusieurs années, à cause de l’entrée successive au compte d’exploitation de lignes qui figurent encore au compte de premier établissement et dont les insuffisances viendront grever les premiers exercices qui suivront leur incorporation. Mais des augmentations régulières de produit net pourront contre-balancer peu à peu ces besoins grandissans, de façon peut-être même à les équilibrer à un moment donné. D’ailleurs pour l’Orléans comme pour le Midi, la durée de la garantie est incertaine. Et si le Conseil d’État venait à décider qu’elle ne dépasse pas 1915, ces deux compagnies devraient plus que jamais rechercher des augmentations de revenu net, c’est-à-dire surtout des économies de dépenses, afin de ne pas se trouver en 1915 acculées à la réduction ou à la suppression du dividende de leurs actions; nous ne parlons pas de l’hypothèse peu vraisemblable où leur revenu net ne suffirait pas alors au service de leurs obligations. Pour ces deux compagnies, l’esprit le plus prévenu ne peut donc se refuser à reconnaître qu’elles doivent, à moins de vouloir se nuire à elles-mêmes et courir volontairement à un avenir plein de menaces, tendre de toutes leurs forces à se passer de la garantie d’Etat.

Restent les deux compagnies de l’Est et de l’Ouest, dont la dette totale vis-à-vis de l’Etat se compose de deux élémens. Les conventions de 1883 avaient en effet stipulé que les compagnies rembourseraient le montant des avances que l’Etat pouvait leur avoir faites depuis l’origine du fonctionnement de la garantie (1865) jusqu’à l’exercice 1882 compris. En 1883 ni le Nord ni le Lyon n’avaient aucune dette de ce chef. Le Midi a payé à l’État dès 1884, l’Orléans dès 1888, la totalité des sommes que ces deux compagnies avaient à rembourser, à savoir 34 et 205 millions.

  1. D’ailleurs le Lyon est obligé de se préoccuper tout particulièrement de sa situation, puisque d’une part la garantie de l’État ne lui est assurée que jusqu’en 1915, et que d’autre part la nature de la garantie qui lui est donnée jusque-là n’est pas absolue, inconditionnelle. Il n’est pas vrai de dire qu’en tout état de cause l’actionnaire du Lyon est assuré de toucher un dividende de 55 francs. Ainsi que nous l’avons expliqué, la garantie de l’État est limitée aux charges du nouveau réseau et ne saurait donc dépasser l’intérêt et l’amortissement de son capital d’établissement, c’est-à-dire une trentaine de millions.