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Seuls l’Est et l’Ouest n’ont encore opéré qu’une partie de ce remboursement ; tous les ans ils en effectuent une fraction sous forme de travaux pour le compte de l’État. C’est ainsi que la dette de l’Ouest, arrêtée en 1883 à 160 millions, a été successivement ramenée à moins de 100 millions, et celle de l’Est, qui était à la même date de 150 millions, à 120 millions. Ces dettes anciennes ne portent plus intérêt depuis 1883. D’autre part les garanties d’intérêt des exercices 1883 à 1893 atteignent déjà pour l’Ouest 85 millions, auxquels s’ajoutent les intérêts à quatre pour cent, ce qui élève le total au 31 décembre 1893 à plus de 100 millions. Le même chiffre s’élève pour l’Est à 132 millions[1]. Cette nouvelle dette est remboursable sur les excédens éventuels des revenus de l’exploitation. Les administrateurs de ces sociétés pourraient éprouver un certain effroi à la pensée des progrès qu’il leur faudra accomplir pour se dégager de la tutelle financière du gouvernement. Mais, outre qu’il est impossible à personne de prévoir quel sera par la suite le développement des recettes, et que toutes les espérances sont permises à cet égard, il suffit de rappeler que c’est en 1934 et 1935 qu’expire, de convention expresse, le délai durant lequel la garantie leur a été assurée, pour montrer qu’elles aussi doivent à tout prix se préoccuper de cette échéance. Elles auront alors plus d’un quart de siècle de concession devant elles. Si elles n’ont pas su arriver à ce moment-là à retirer de leur exploitation autre chose que les sommes nécessaires au service des coupons et de l’amortissement de leurs obligations, elles verront leurs actionnaires privés de revenu jusqu’à ce que leurs recettes nettes aient dépassé cette limite, et de tout espoir de recevoir, en fin de concession, aucune répartition de capital : car le matériel roulant et les autres biens mobiliers qui seuls, en dehors de la concession elle-même, forment l’actif social, la propriété personnelle des associés, pourront ne pas même suffire à rembourser à l’État le montant de ses avances.

Que si au contraire, par une gestion sévèrement économe, l’Est et l’Ouest ont réussi d’ici à quarante ans à faire décroître la garantie d’intérêt, ils disposeront, lorsque celle-ci disparaîtra, d’une marge de recettes qui permettra la distribution d’un dividende[2]. Le prélèvement du dividende est en effet autorisé avant

  1. Cette somme figure au passif du bilan de l’Est, jusqu’à concurrence des sommes effectivement versées par le Trésor, sous la rubrique : « L’État créditeur pour garantie d’intérêts avancés sur les exercices 1884 à 1893, principal et intérêts. » Par contre, à l’actif est inscrite une somme équivalente sous le titre d’« Insuffisance des produits des lignes en exploitation complète. »
  2. Aussi bien que le Midi et l’Orléans, l’Est et l’Ouest ont une réserve latente dans les recettes des dernières années de la concession. Celle-ci expire le 31 décembre 1956 pour l’Ouest, alors que l’amortissement de ses actions doit être terminé en 1952 ainsi que celui de la plupart de ses obligations. L’amortissement des actions de l’Est, dont la concession expire le 26 novembre 1954, sera terminé dès 1949.