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Page:Revue des Deux Mondes - 1894 - tome 126.djvu/896

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Une ondulation gonfle à peine la mer,
Et sur la rive un bois d’orangers entremêle
Son vert feuillage, où l’or des fruits mûrs étincelle,
Aux bouquets des palmiers dressés dans l’azur clair.

Mais un tragique effroi contracte le visage
De la vierge qui ferme à ce beau paysage
Et ses yeux, et son cœur où roulent des sanglots..

Car toutes ces clartés et toute cette joie
Lui rendront plus affreux l’instant où sur ces flots
Le dragon redouté nagera vers sa proie.


Florence.


L’INCONNU


Sous les pins où le vent passe en plainte si triste.
Un homme vint s’asseoir, et d’un regard amer.
Longtemps il contempla la radieuse mer
Qui roulait au soleil des lames d’améthyste.

Tout autour, des coteaux parfumés par le cyste
Détachaient leur douceur sur un profond ciel clair ;
C’était l’après-midi d’un beau jour bleu d’hiver
Et l’inconnu tout haut dit ces mots : « Dieu m’assiste!... »

Mystérieux Songeur qui ne me voyais pas.
Je ne sais si jamais ton pas morne et mon pas
Se croiseront encor sur cette vaste terre ;

Et pourtant ces deux mots jetés tout simplement.
Ces deux mots de détresse ont fait de toi mon frère,
Et ma pitié te suit dans ton lointain tourment !


Campagne toscane.


MUSIQUE EN MER


Le vapeur va glissant sur la mer d’un bleu sombre.
Tour à tour un nuage obscurcit de son ombre,