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et d’un dessin étonnamment varié, un pantalon de laine étroitement ajusté et des bottes de cuir. Leur coiffure se compose d’un petit bonnet pointu appelé tépé, fait d’étoffe brodée et dont la forme est beaucoup plus gracieuse que celle du fez adopté par les musulmans d’Occident. Quand ils voyagent, ou les jours de cérémonie, ils l’entourent d’un volumineux turban de mousseline blanche : ce bonnet ressemble beaucoup à celui que portaient les Perses Achéménides ou même certains Hittites, tels qu’ils sont représentés sur les anciens monumens.

A côté de ces populations sédentaires, qui habitent les grandes oasis arrosées par les puissans fleuves de la région, il y a, en Asie centrale, des Nomades, qui occupent tous les immenses espaces constitués, soit par les steppes, soit par les déserts, soit par les montagnes. Ces derniers appartiennent à deux groupes bien caractérisés. Les plus connus, ceux dont on a le plus parlé en Europe, bien qu’ils forment le groupe le moins nombreux et qu’ils occupent le territoire le plus restreint, ce sont les Turkmènes, que les anciens voyageurs ou les écrivains français ont appelés Turcomans. Ils habitent le pays qui s’étend à l’est de la mer Caspienne, entre cette mer et les vastes déserts de sable qui limitent, sur son bord oriental, la vallée du grand fleuve Oxus. Au Sud, leur domaine est borné par la Perse, c’est-à-dire par les montagnes du Khorassan.

Les Turkmènes et les Khiviens, leurs voisins, sont les descendans de ces Kharysmiens qui, de tous temps, ont été redoutables à la guerre, et qui, au commencement du XIIIe siècle, ont étendu leur domination sur une grande partie de l’Asie.

Les Turkmènes sont, à n’en pas douter, de race turque, mais ils ont certainement subi le mélange d’un autre sang mal déterminé, qui a singulièrement modifié leur type. Leur visage est allongé, leur nez aquilin, leur peau brune, leur barbe noire et assez rare, mais cependant frisée et non formée de soies rudes et droites ; leurs yeux sont grands, généralement noirs, mais assez souvent de couleur claire. Leur taille est au-dessus de la moyenne, et ils ont dans leur aspect beaucoup d’analogie avec certaines tribus arabes. Très braves et très hardis, ils constituent la population la plus courageuse, la plus loyale et, en somme, la plus estimable de toute l’Asie, malgré leur réputation bien acquise de pillards et de brigands invétérés. Leur costume se compose d’un khalat de même forme que celui des Sartes, en cotonnade généralement rayée de rouge et de blanc, d’un pantalon de cuir ou de laine et surtout d’un énorme bonnet à poil, en peau de mouton, de couleur noire. Ce bonnet à poil, qu’on retrouve, dans des proportions moins monumentales, en Arménie, en Perse et dans