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ils obligèrent Mourad-beg, frère de Khoudaïar, qui y commandait, à s’allier à eux. Le khan se décida alors à quitter sa capitale, accompagné de l’ambassade russe qui s’y trouvait à ce moment, et d’une petite armée de 9 000 hommes. Mais, à peu de distance de la ville, cette troupe l’abandonna pour aller se joindre aux rebelles. La cavalerie, après réflexion, se mit même à sa poursuite. Khoudaïar réussit à gagner Khodjent, grâce à la protection des Cosaques qui accompagnaient la mission russe, mais après avoir perdu ses bagages ; de Kokan, il s’enfuit jusqu’à Tachkent, toujours sous la protection des Russes. Presque en même temps que lui arriva une ambassade envoyée par Abdour-Rahman-Aftobatchi et Nasr-ed-din. Elle annonçait au gouverneur général la proclamation de Nasr-ed-din comme khan de Kokan. Le général Kauffmann consentit à reconnaître celui-ci, en lui imposant comme condition un traité de commerce semblable à celui qui avait été conclu précédemment avec Boukhara, en juin 1868, stipulant en outre le paiement d’une rente viagère à Khoudaïar, et d’une indemnité a l’ambassade russe pour le pillage doses bagages. Peu de jours après, des Kiptchaks passaient la frontière russe dans la haute vallée de l’Angourane, à l’est du district de Kourama, et les rebelles venaient assiéger Khodjent. Le général Kauffmann envoya le général Golovatcheff, pour repousser les Kiptchaks de la vallée de l’Angourane, et lui-même, avec 4 000 hommes et 20 canons, marcha contre Kokan. Le 22 août 1875, les Russes rencontrèrent l’armée kokanienne près de Makram, entre Khodjent et Kokan. Elle était sous les ordres d’Abd-our-Rahman et de Poullad-beg. Après l’avoir complètement battue, ils s’emparèrent sans résistance de Kokan et de Marghelan, Nasr-ed-din ayant imploré la clémence des vainqueurs. Kauffmann conclut avec celui-ci, le 22 septembre 1875, le traité de Marghelan, par lequel la rive droite du Syr-Daria était abandonnée à la Russie. Skobeleff continua à poursuivre les rebelles réfugiés dans la partie orientale du Ferganah. Pendant ce temps, Poullad-beg, s’étant proclamé khan, rassembla les Kiptchaks autour d’Andidjan, tandis qu’Abd-our-Rahman sortait des montagnes avec une nouvelle année. Le général Kauffmann, occupé à organiser le district de Naniangan nouvellement annexé, envoya son chef d’état-major, le général Trotsky, réprimer la révolte d’Andidjan. Celui-ci bombarda la ville, la prit et en brûla une partie. Puis il revint à Namangan, où il rejoignit le général Kauffmann, qui venait d’y construire un fort. Le commandement du nouveau district ayant cette ville pour chef-lieu fut laissé au général Skobelefî, et Kauffmann retourna à Khodjent. Sur ces entrefaites, une émeute éclata à Kokan : Nasr-ed-din fut chassé et