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sont terrestres, et leur partie souterraine seule est vivace ; elles ont un rhizome court émettant de grosses racines fasciculées, et souvent elles forment chaque année un tubercule qui reproduit la tige l’année suivante. Celles des pays chauds sont le plus souvent épiphytes, et dotées de nombreuses racines aériennes, à l’aide desquelles elles se fixent sur le tronc ou les branches des arbres ; dans ce cas, elles ont un rhizome très allonge et rameux, duquel partent des tiges dont les entre-nœuds inférieurs se rendent fréquemment en pseudo-bulbes de forme variée ; parfois aussi, comme dans les Vanilles, ces tiges s’allongent beaucoup et deviennent grimpantes[1].

En 1787, l’une de ces plantes, alors très rares, fleurit, ô merveille, à Kiev ; puis un an après, dans la même localité, l’Épidendrum fragrans de Swartz, remplit du parfum de ses fleurs la serre où, sous les yeux de ses heureux possesseurs, elle s’épanouissait. Dès ce moment, l’importation des Orchidées devint aussi active que possible, ce fut entre les botanistes à qui aurait la palme des plus belles découvertes. Lindley put décrire, de 1830 à 1840, 395 espèces. On en possède aujourd’hui environ 6 000.

Malheureusement, et pendant de trop longues années, les résultats ne répondirent pas aux sacrifices de toutes sortes que les amateurs s’imposaient. Ils s’apercevaient avec un vif chagrin que la difficulté n’était pas d’importer dans leurs serres des plantes rares de tous les points du globe, mais de les y acclimater. On voyait ces étrangères prendre goût, il est vrai, à leurs nouvelles résidences, des palais de cristal soigneusement entretenus, s’y développer tout d’abord d’une façon merveilleuse, mais pour s’étioler par la suite et mourir. La faute en était à un excès de précaution : on les asphyxiait en les privant d’un élément vital, l’air ; on les torréfiait en les surchauffant.

L’auteur de ces forfaits était la Société royale d’horticulture de Londres, qui, ayant la réputation d’être fort experte en la matière, recommandait une haute température, un ombrage sévère, et une humidité excessive. Il en résultait que les pauvres Orchidées succombaient par le fait d’une atmosphère qui n’était jamais renouvelée, des suites d’une chaleur excessive ; par manque d’une clarté dont elles vivaient sous d’autres climats, et par insuffisance, enfin, d’un air pur aussi indispensable aux végétaux qu’à nous-mêmes. Si grande fut leur mortalité, que Hooker appela l’Angleterre le tombeau des Orchidées.

En 1838, changement de système et aussitôt progrès sensible.

  1. Lucien Linden. Les Orchidées en Europe.