bustes en bois, en terre cuite ou en marbre des écoles italiennes et espagnoles, la polychromie grecque était représentée soit par des moulages reproduisant les couleurs des originaux, soit par des restitutions, comme une grande statue drapée d’Herculanum, peinte à la cire par M. Ludwig Otto[1]. Plus récemment, les recherches poursuivies par M. Treu sur l’histoire de la polychromie antique ont provoqué à Dresde d’autres essais très dignes d’attention. M. Treu a bien voulu me communiquer à ce sujet des notes détaillées, auxquelles sont jointes des photographies de moulages d’après l’antique, polychromes par M. J.-E. Sattler; le Satyre accoudé du Capitole est restitué avec les tons d’or et d’ivoire d’une statue chryséléphantine ; la tête de la Méduse Ludovisi, avec sa chevelure sombre et le ton de chair qui couvre le visage, ressort sur un fond bleu comme un stuc peint de la Renaissance. Des essais analogues ont été faits en Amérique. A Boston, un archéologue, M. Robinson, et un sculpteur, M. J. Lindon Smith, ont associé leurs efforts pour restituer la polychromie de l’Hermès de Praxitèle et de la Venus genitrix du Louvre[2]. Il ne nous appartient pas d’apprécier à distance la valeur de ces restaurations; tout au moins il est certain qu’elles font entrer dans une phase nouvelle un problème toujours à l’étude. Aux théories succèdent les expériences pratiques, les applications qui peuvent fournir d’intéressans élémens de discussion. Ce n’est pas en effet avec des mots qu’on saurait traduire ce qu’il y a de plus fugitif, de plus subtil, c’est-à-dire des valeurs de tons, des harmonies de nuances, des transparences jouant sur le fond du marbre. Faute de mieux, nous essaierons tout au moins de résumer nos conclusions, et, pour prendre un exemple qui les rende plus précises, nous nous demanderons ce que pouvait être la polychromie d’une statue telle que l’Hermès de Praxitèle.
Dans l’état où elle nous est parvenue, la statue ne conserve plus que de faibles traces de peinture. Si l’on oublie les mutilations et les taches qui la marbrent, elle nous apparaît donc telle qu’elle se présentait aux yeux après le dernier coup de ciseau donné par l’artiste. Or, les caractères mêmes de l’exécution semblent indiquer d’avance le champ attribué à la polychromie. Certaines parties sont réservées pour ces simples frottis transparens que le « sarcophage d’Alexandre » nous a appris à connaître;