Au temps de la Restauration, Rousseau et Voltaire étaient des écrivains populaires et familiers à tous; on les voyait dans toutes les mains; chacun avait lu leurs livres et les connaissait aussi bien que ceux d’un contemporain; les éditions de leurs œuvres se succédaient à intervalles rapprochés. Mais, bientôt après la révolution de 1830, cette vogue s’arrêta et, dès lors. Voltaire et Rousseau ne furent plus que ce qu’ils seront toujours : des auteurs classiques, comme Montesquieu et Buffon. Tous ceux qui aiment les lettres ont lu leurs chefs-d’œuvre; quelques amateurs, qui leur restent fidèles, les connaissent à fond et se plaisent à les relire souvent. Mais le nombre est petit de ceux qui achètent aujourd’hui, pour les placer sur les rayons de leur bibliothèque, les œuvres complètes de Voltaire et de Rousseau.
À ce changement qui s’est fait dans les dispositions du public