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considérer quelques-uns des objets que l’on a proposés à l’éducation, et, quelque divers qu’ils soient en apparence, ou même contradictoires, on reconnaîtra promptement ce qu’ils ont tous au fond de commun, — et d’un.

Par exemple, nous avons fait de grands efforts, en France, depuis quelques années, pour développer le goût des exercices qu’on appelle maintenant « olympiques ». Et, à la vérité, comme nous avions choisi, naguère, pour diminuer la part du latin dans nos classes, le moment même où les Allemands l’augmentaient dans leurs gymnases, nous avons aussi choisi, pour acclimater chez nous le canotage et le foot ball, le temps précis où les Anglais, mieux inspirés peut-être, nous en dénonçaient à l’envi les effets désastreux « sur le moral et sur la santé des générations nouvelles. » Mais ce n’est pas aujourd’hui le point; et tout ce que j’invite ici le lecteur à chercher avec moi, c’est la raison profonde, la raison secrète et comme inconsciente, ou à peine et confusément entrevue, de cet engouement pour « l’athlétisme ». Il n’en trouvera pas d’autre que le vague espoir d’améliorer la qualité de la race. «Plus le corps est faible, a dit quelque part Rousseau, plus il commande; plus il est fort, et plus il obéit. » Je n’en crois absolument rien ! Des sens exigeans, et comme « surnourris », sont moins faciles à dominer que des sens paresseux et comme « spiritualisés ». Quel rapport encore y a-t-il entre le nombre de livres ou de pounds que l’on pèse, et la finesse ou la force de l’intelligence? Mais ce qui est vrai, c’est que les enfans vigoureux deviennent des hommes robustes, et les hommes robustes engendrent des enfans vigoureux. Une race répare ainsi les pertes que le vice ou la maladie lui font subir par ailleurs. Elle se maintient, comme l’on dit. Elle entretient cette santé du corps qui est comme la base physique de son « indice » intellectuel, s’il n’en est pas la mesure. Elle soutient, en deux mots, son personnage historique. Qu’est-ce à dire, sinon que le développement de l’éducation physique n’a pas du tout pour objet le plaisir, ni même l’intérêt de la génération présente, mais celui de la génération future? On n’en méconnaît point les dangers, ou même les ridicules. Mais on estime, et à bon droit, que ni ridicules ni dangers n’en sauraient balancer l’intérêt supérieur, patriotique, national, humain même; ou, en d’autres termes encore, on estime que le premier intérêt de la communauté française étant de durer et de se continuer comme telle, il n’y a pas lieu de s’arrêter à des inconvéniens individuels que compensent des gains sociaux.

Considérons maintenant une autre forme, ou une autre «idée »