précieuses et de concours utiles. M. Poincaré l’avait déjà compris lorsqu’il a créé la commission extra-parlementaire qu’il a chargée de préparer les réformes à introduire dans nos impôts ; M. Ribot l’a compris à son tour lorsqu’il a institué une commission du même genre, pour étudier la question de la décentralisation et rechercher les moyens pratiques de la faire aboutir. Le Parlement contient un certain nombre de spécialistes en tous les genres, mais il ne les contient pas tous, ni même quelquefois les plus éclairés. Et d’ailleurs, lorsqu’il s’agit de refondre nos institutions fondamentales, c’est-à-dire de faire non seulement œuvre administrative et politique, mais encore œuvre sociale, quelques députés et sénateurs sont insuffisans pour représenter tous les intérêts en cause. Dans la commission de décentralisation qu’il vient de former, le gouvernement a conservé une large place aux hommes politiques, mais il a placé à côté d’eux des directeurs des ministères, des conseillers d’État, des membres de l’Institut, des maires des grandes villes, des publicistes, etc. ; il en a fait vraiment la représentation des forces intelligentes de notre pays. Que sortira-t-il des travaux de cette commission ? Il serait téméraire de le prévoir. Parfois, des réunions aussi nombreuses aboutissent, elles aussi, à l’impuissance. Enfin, l’œuvre est difficile, délicate, compliquée, et il est à craindre que l’accord ne s’établisse difficilement entre des esprits aussi divers, auxquels les questions se présenteront sous des formes très différentes, et les conclusions dans des sens souvent opposés.
Si on en juge par le rapport que M. le président du Conseil a adressé à M. le Président de la République à ce sujet, la commission aura à examiner trois points principaux : 1o Ne conviendrait-il point d’étendre les pouvoirs des agens exécutifs locaux, préfets, sous-préfets et maires, de façon à simplifier et à accélérer la vie administrative ? 2o N’y aurait-il pas lieu de faire participer davantage à l’action administrative les assemblées locales, conseils généraux et municipaux ? 3o Ne devrait-on pas créer des organes administratifs nouveaux, qui serviraient d’intermédiaires entre ceux du département et de l’arrondissement et l’organe primitif de la vie locale, la commune ? On le voit, ce programme est large, et, comme le dit le rapport, sa réalisation est une entreprise difficile, « parce qu’elle rencontrera, non seulement dans nos lois, mais aussi dans les mœurs, des obstacles qu’il faudra surmonter. » Tout le monde est d’accord, au moins en principe, sur l’utilité qu’il y aurait à étendre les pouvoirs des agens locaux, et aussi à faire participer plus intimement et plus profondément les assemblées locales à la vie administrative. La seule question qui arrête est de savoir comment et dans quelle mesure ces réformes devront être accomplies. Les mœurs, les habitudes prises, y opposeront beaucoup de résistance. Il en est un peu, si on nous permet une comparaison aussi éloignée du