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des procédés très différens, puisqu’elles font partie de combinaisons politiques opposées. L’Italie a renouvelé son traité avec l’Allemagne sans même attendre qu’il fût expiré, et des doutes assez sérieux planent sur la nouvelle échéance à laquelle il doit prendre fin. On ne saurait nier que cette situation n’apporte une certaine gêne à la « confiance mutuelle » qu’a invoquée M. le comte Tornielli, mais elle laisse subsister intacts « l’estime et le respect réciproques » que les deux pays et les deux gouvernemens ont toujours eus l’un pour l’autre. Ces sentimens suffisent pour maintenir entre eux des rapports satisfaisans. Dans les affaires courantes, aucun intérêt sérieux ne nous met en opposition avec l’Italie, et M. le comte Tornielli n’aura pas beaucoup de peine à établir et à maintenir avec nous une entente où notre bonne volonté ne cessera jamais de le seconder.


Les événemens de l’extrême-Orient n’ont pas franchi de nouvelle étape depuis quinze jours. La situation reste la même entre les deux parties belligérantes ; mais Li-Hung-Chang est, paraît-il, chargé par son gouvernement d’aller au Japon négocier la paix. Le vice-roi du Petchili s’est rendu à Pékin, où il a obtenu une audience de l’empereur : il partira bientôt pour remplir la mission qui lui est confiée, et cette fois le gouvernement japonais ne pourra pas trouver dans la personne du négociateur un motif de ne pas accepter les ouvertures qui lui seront faites. Nous doutons pourtant que les hostilités soient à la veille de prendre fin. Rien ne presse les Japonais ; ils s’attendent à de nouveaux succès ; ils sont sûrs de les obtenir ; et tout donne à penser qu’ils ne consentiront à signer la paix qu’après avoir frappé un coup décisif sur Pékin. Ce ne serait pas la peine d’avoir préparé avec tant d’intelligence, de courage et de bonheur, leur marche sur la capitale, pour y renoncer au dernier moment. Il est toujours facile à la diplomatie orientale de faire durer une négociation assez longtemps pour donner aux événemens militaires toute facilité de s’accomplir.

On annonce de Chine une autre nouvelle dont l’importance générale est assurément moins grande, mais qui n’en a pas moins un très réel intérêt pour nous. Un de nos ministres, M. Berthemy, avait obtenu, en 1865, la reconnaissance et le règlement, pour les missions catholiques, du droit d’acheter des terrains et des maisons dans l’intérieur de l’Empire. La convention Berthemy est restée célèbre ; on y attachait un grand prix, et non sans raison ; toutefois, elle n’a pas produit les résultats qu’on en avait espérés. Le gouvernement chinois avait bien envoyé aux vice-rois et aux gouverneurs des provinces des instructions dont les termes paraissaient très clairs ; seulement il y avait joint une disposition secrète, dont la teneur ne nous a été connue que beaucoup plus tard, et d’après laquelle, dans toute vente aux