et les désastres qu’éprouva Macdonald en 1799. C’est pourquoi il frappait sans cesse des coups de prestige, réprimait la révolte avec une énergie implacable et, la soumission faite, essayait de pacifier la Vendée italienne comme Hoche avait pacifié l’autre, en imposant la discipline à ses troupes et en ménageant le clergé.
Quand il reprit la campagne, il semblait épuisé. « Il ne pouvait plus monter à cheval sans un effort de courage, suivi d’un complet abattement. Ses amis le crurent empoisonné ; lui-même eut cette idée… Ses joues, caves et livides, ajoutaient encore à l’effet mesquin de sa petite taille. Les émigrés disaient, en parlant de lui : « Il est jaune à faire plaisir », et on buvait à sa mort prochaine. » Mais il possédait alors ce qu’il n’avait plus à la Moskowa et à Waterloo, le ressort de la jeunesse. Il se raidit. Decet impcratorem stantem mori,[1]. Trois chevaux moururent de fatigue sous ce cavalier rongé de fièvre. Allvintzi l’attaqua, le 14 janvier 1797, sur le plateau de Rivoli. Il y eut dans cette bataille une heure très critique : 45 000 Autrichiens environnèrent 17 000 Français. Les Autrichiens s’avançaient en colonnes. Bonaparte, concentré, avec de l’artillerie, discerna la plus redoutable de ces colonnes et la culbuta. Les autres s’ébranlèrent, et l’assaut tourna en débandade. « Un pas, une demi-heure d’énergie et l’ennemi, écrasé par le nombre, ne trouvait plus de retraite… » écrivait Allvintzi le 16 janvier ; « un moment, moment brillant pour les armes autrichiennes, le salut de notre patrie et le sort de toute l’Italie parut décidé… » Bonaparte, laissant Allvintzi s’en aller vers les montagnes, à la suite de ses troupes, se porta sur Mantoue ; le 3 février, Wurmser, réduit aux dernières extrémités, capitula et sortit de la place avec les honneurs de la guerre. L’Autriche n’avait plus pied en Italie, et comme l’avait prévu Thugut, la prise de Mantoue mettait l’Etat pontifical à la merci du vainqueur.
Débarrassé encore une fois des Autrichiens, au moins pour quelques semaines, sachant Venise tremblante et impuissante, Bonaparte se hâta d’en finir avec Rome qu’il voulait arracher à la fois à l’influence autrichienne et au fanatisme impolitique du Directoire. « La prise de Mantoue, disait, dans ce temps-là même, Reubell, tracera de nouvelles opérations à Bonaparte : une des colonnes qui servait au blocus de cette ville se portera sur Trieste et l’autre sur Rome. Ce sont deux opérations de finances qu’on a besoin de réaliser avant le commencement de la campagne prochaine. » Reubell en évaluait le produit, à 68 millions de livres. Il y avait surtout le fameux trésor de Notre-Dame de Lorette,
- ↑ Stendhal, Vie de Napoléon.