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relative sont plus ou moins blondes ; sur le plateau central, où les brachycéphales abondent, elles forment contraste avec le reste de la population. On a été jusqu’à soutenir que les « fléaux de Dieu » qui marchaient à la tête des hordes turques et mongoles étaient, d’après les portraits qu’en font les historiens, des blonds à tête longue, de notre race[1]. En Russie, et surtout en Pologne, les masses populaires sont des Celto-Slaves, ou des Finnois et des Tatares à tête courte et à taille moyenne ; mais les classes gouvernantes, qui descendent des fondateurs Scandinaves, des Normands et des Germains, sont grandes et blondes. En Allemagne et en Angleterre, la vieille couche celtique est recouverte d’une couche germanique et Scandinave. Presque toutes les familles souveraines d’Europe, même en Espagne et en Italie, offrent encore aujourd’hui le type aryen. Dans ces deux derniers pays, la proportion des blonds est beaucoup plus grande pour l’aristocratie que pour le peuple.

Jusqu’ici, la théorie offre à coup sûr de l’intérêt et n’est pas sans valeur comme thèse historique : on peut l’accepter, en attendant qu’on démontre le contraire, comme on prend un remède pendant qu’il guérit[2]. Mais, que l’origine des Gaulois, des Grecs, des Germains, des Scandinaves soit européenne ou asiatique, ce qui importe au psychologue, c’est de déterminer le caractère, la valeur intellectuelle et morale des trois principales races dont le mélange, à doses inégales, a fini par constituer les diverses nations européennes. Par malheur, si l’origine de ces races est déjà hypothétique, leur constitution mentale l’est encore bien davantage. On ne peut que la conjecturer d’après le rôle historique des diverses races, qui lui-même est déjà conjectural. Ecoutons cependant ce qu’on croit pouvoir nous affirmer.


II

Dans son ensemble, dit-on, la race méditerranéenne et sémite est très intelligente ; par son caractère moral comme par ses

  1. Pourtant Attila, de race finnoise et ouralo-altaïque, nous est représenté par Jornandès avec un nez épaté, des yeux petits et enfoncés dans une grosse tête, un teint basané.
  2. Pour éclairer ces questions, qui intéressent à la fois la sociologie et l’ethnographie, il serait très désirable que le ministre de la guerre fît faire en France ce qu’on fait en Italie et ce que fait pour son compte M. le Dr Collignon : des mensurations anthropologiques sur les conscrits au moment de la révision, capacité crânienne, indice céphalique, forme du nez, couleur des cheveux, des yeux, etc. Ce serait un document de haute importance pour la statistique. De même dans les écoles et les lycées. Il n’est pas indifférent de savoir les modifications que peut subir la population française et dans quel sens elles se produisent.