conférence, avec ses vertus éducatrices, avec le mouvement et l’effort d’esprit qu’elle exige aussi bien de celui qui en conduit les travaux que de tous ceux qui y prennent part, est bien un legs de l’Ecole de l’an III. C’est également de cette Ecole que date une autre nouveauté, la place que les sciences ont conquise dans l’enseignement, les lettres et les sciences enseignées par des maîtres qui ont même rang et même autorité, les élèves se partageant, selon leurs goûts et leurs dons naturels, entre l’une ou l’autre de ces branches d’études.
Mais, dira-t-on, si l’Ecole de 1810 nous offre quelques-uns des traits qui caractérisent celle de 1795, c’est que, pendant ces quinze années, malgré les changemens d’étiquette, l’état social est demeuré, en France, celui qui, préparé par tout le travail intellectuel du XVIIIe siècle, était devenu, par l’effet de la Révolution, une réalité vivante. Dans l’ordre de renseignement, les besoins nouveaux et les idées nouvelles devaient suggérer aux conseillers d’Etat de l’Empire des dispositions qui ne pouvaient guère différer de celles qui s’étaient présentées à l’esprit de Lakanal et de Garat. Cette explication n’est pas sans contenir quelque part de vérité ; mais elle ne rend pas un compte suffisant des ressemblances que nous avons signalées. Elle vaut, dans une certaine mesure, pour ce qui concerne les sciences et la situation qui leur est désormais garantie. Les sciences avaient fait des progrès trop rapides, à la fin du siècle précédent, et, pendant la Révolution, leurs représentans s’étaient associés, avec trop d’éclat, aux émotions et aux triomphes de la patrie en danger pour qu’il pût être question maintenant de les reléguer au second plan ; mais la conférence n’était pas une de ces institutions que le changement de régime rendait en quelque sorte nécessaires ; ce n’est qu’un procédé pédagogique, dont les avantages ne peuvent être appréciés que par les hommes du métier. Ce procédé, on n’en trouve pas trace dans les règlemens ni dans la pratique des anciennes universités : où donc, en 1808 et 1810, en aurait-on été chercher l’idée et le type, sinon dans l’Ecole de 1795, dans les séances de discussion qu’elle avait établies comme annexes de tous ses cours, et surtout dans les conférences, mieux définies, qu’elle avait organisées pour ceux qui voulaient s’adonner à l’étude des mathématiques. Nous croyons fermement à la transmission, à la filiation directe. Cette nouveauté, Fourcroy et Fontanes l’ont certainement empruntée à l’Ecole, où, pour la première fois, on avait fait, avec quelque maladresse, mais non pourtant sans succès, l’essai de ce mode d’enseignement.
C’est que, malgré tous les reproches qui avaient été adressés à