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Arrête :

ARTICLE PREMIER. — A dater de ce jour, les cours de l’Ecole normale supérieure cesseront d’avoir lieu. L’administration demeurera provisoirement chargée du recouvrement des sommes dues à l’établissement, de la liquidation des dépenses, de la reddition des comptes et de l’exécution des actes ministériels.

ART. 2. — Les élèves seront immédiatement rendus à leurs familles. Une indemnité mensuelle de 80 francs leur sera allouée jusqu’à ce que l’Ecole ait été réorganisée.

ART. 3. — Les émolumens des fonctionnaires, professeurs, maîtres, employés et gens de service leur seront payés jusqu’à ladite époque. Les maîtres et agens qui étaient nourris gratuitement recevront en outre une somme de 30 francs par mois en compensation de cet avantage.

ART. 4. — Des crédits jusqu’à concurrence de 15 000 francs sont ouverts à M. le Directeur sur les fonds de l’école, exercice 1852, pour l’acquittement de ces dépenses.

Fait à Paris le… mars 1852. »

On se donnait sans doute deux mois pour la réorganisation promise, car, au bas de la note, se trouve écrite, de la même main que le chiffre 15 000, la justification suivante :


82 élèves… deux mois 13 120
29 maîtres et agens nourris gratuitement 1 740
14 860

Tout avait donc été prévu, à la fois la mesure même et les détails de l’exécution, tout, jusqu’au chiffre de l’aumône que l’on jetterait à ceux qui peut-être allaient se voir privés d’un titre conquis par le succès remporté dans un loyal et public concours. Si l’on croyait devoir licencier l’Ecole, ce n’était pas pour y rappeler au bout de quelques semaines tous ceux que l’on s’apprêtait à en chasser ainsi, au grand détriment des études commencées, sans qu’ils eussent commis aucune faute qui justifiât cette rigueur. Combien en aurait-on repris ? Aurait-on peuplé d’élèves nouveaux, recrutés par une autre voie, l’Ecole reconstituée ? C’est ce qu’il est impossible de dire et ce sur quoi le ministre même, quand il traçait le brouillon de son décret, n’avait sans doute pas encore d’idées bien arrêtées.

Dans les projets de décret et d’arrêté, le mot de suppression, il est vrai, n’était pas prononcé ; mais il y a fort à parier que, si ces projets avaient été suivis d’effet, la porte fermée ne se serait pas rouverte de sitôt. Comme dit le proverbe, « quand on est