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n’avons jamais trouvé les Chambres sourdes à nos justes requêtes. Elles donnaient à M. Bersot, peu de temps avant sa mort, en 1880, ce qu’il leur demandait pour que les traitemens de nos professeurs, enfin mieux appropriés à leur mérite, leur permissent de se consacrer désormais tout entiers à l’Ecole. Il ne resterait aujourd’hui que bien peu de chose à faire pour que disparussent les quelques inégalités qui subsistent. J’espère que cette dernière satisfaction ne nous sera pas refusée. J’en ai le gage dans la libéralité avec laquelle le Parlement vient de nous accorder le crédit nécessaire pour la fondation d’une nouvelle chaire d’histoire. Sous M. Fustel de Coulanges, le successeur de M. Bersot, il avait été décidé de créer à l’Ecole une section spéciale pour les sciences naturelles. Afin de lui assurer un domicile, il fallut acheter des terrains contigus à notre enclos et aménager, non sans des frais considérables, les bâtimens qu’ils portaient ; il fallut y installer des salles de cours et des laboratoires. Ceux-ci, comme notre laboratoire de chimie et notre cabinet de physique, ont reçu leur part des fonds qui ont été mis à la disposition de l’enseignement supérieur, pour en compléter l’outillage, par la loi qui instituait la Caisse des Ecoles. Si les savans qui dirigent chez nous ces services se plaignent parfois encore, c’est que, plus riches, ils pourraient accueillir un plus grand nombre de ces élèves et de ces travailleurs du dehors qui viennent si souvent leur demander l’hospitalité.

Notre bibliothèque, elle aussi, s’est accrue rapidement ; n’est-ce pas, comme on l’a dit, le meilleur de nos maîtres de conférences ? Sa dotation annuelle a été augmentée ; quand nous avons, en fin d’année, quelques reliquats, c’est elle qui en profite. Dès maintenant, nos livres sont à l’étroit dans les locaux qui, agrandis à plusieurs reprises, semblaient, il y a dix ans, ne devoir pas être remplis de sitôt. Notre savant bibliothécaire, M. Herr, était débordé par cette marée montante ; le désespoir le gagnait, quand notre providence nous a tirés d’embarras. Inscrites au budget des travaux publics, deux fortes annuités nous permettent de réaliser des améliorations importantes. La bibliothèque et le cabinet de physique vont être élargis ; nous aurons deux nouvelles salles de cours ; enfin notre infirmerie, autrefois engagée dans les bâtimens, mal située au fond d’une petite cour, est déjà transférée dans l’ancien laboratoire de M. Pasteur. Là elle est isolée de toutes parts, et, parmi les arbres et les fleurs, baignée d’air et de lumière.

Ces sacrifices auxquels ont consenti les pouvoirs publics, comment les reconnaissons-nous ? Quelle place occupons-nous et