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Elles se font au scrutin de liste, en ce sens que chaque circonscription nomme un certain nombre de députés. La circonscription d’Athènes, par exemple, élit onze députés. Toutefois le mode de procéder usité en Grèce présente des différences notables avec le scrutin de liste tel que nous l’avons connu et pratiqué en France. Il y a, dans le bureau électoral, une urne portant le nom de chaque candidat. Cette urne est surveillée par un ami du candidat, accrédité et désigné par lui. L’électeur se rend successivement à chaque urne. On lui dit : Il s’agit de voter pour ou contre tel candidat. On lui remet une boule qu’il introduit lui-même dans un des deux tuyaux portant l’inscription nai (oui) et ochi (non). L’urne est disposée de telle manière que le candidat peut faire glisser sa boule du côté du oui ou du non sans que le secret du vote soit trahi.

L’électeur peut donc former sa liste comme il l’entend, puisqu’il vote individuellement pour ou contre chaque candidat. Il n’y a qu’un tour de scrutin, l’élection étant valable, même à la majorité relative. Enfin le recensement des voix est facile. Les petites boules déposées au nom de chaque candidat soit pour, soit contre lui, sont extraites de l’urne, après le vote, et placées dans des boites contenant un nombre déterminé de cases, 500 par exemple, ou 100. Le décompte se fait vite, et les fraudes dans le recensement sont faciles à éviter.

Les nouveaux élus se réuniront dans les premiers jours de mai. La vérification des pouvoirs exigera certainement un grand mois. Ce sera une première occasion pour les partis de se livrer à leur animosité réciproque. Une fois que cette opération sera terminée, la Chambre élira son président. Si cette épreuve est significative, je veux dire si le vote indique une majorité bien déterminée dans un sens ou dans un autre, le roi n’aura qu’à faire appeler le chef du parti désigné par le scrutin présidentiel pour le charger de former un cabinet parlementaire.

Il n’est pas bien certain que les choses se passent de la sorte. S’il n’y avait en Grèce que deux partis bien tranchés en face l’un de l’autre, celui de M. Tricoupi et celui de M. Théodore Delyanni, on pourrait, dès à présent, prévoir d’une manière certaine le résultat de la consultation électorale qui aura lieu dans quelques jours. M. Tricoupi étant frappé en ce moment d’une impopularité qui était déjà visible au moment de la dissolution de la Chambre et qui se manifeste de plus en plus depuis l’ouverture de la période électorale, son parti sera décimé. Si tous les vides créés par la défaite de ses partisans étaient remplis par les amis de son vieil adversaire M. Théodore Delyanni, ce dernier disposerait d’une majorité considérable et pourrait, à son tour, exercer