sommaires. Ici il faut citer textuellement : « Vous déclarez, a-t-il dit au cabinet de Londres, qu’en vertu de la convention de 1890 l’Angleterre a placé une partie de ces territoires dans sa sphère d’influence. Eh bien ! faites-nous savoir du moins à quels territoires s’appliquent vos revendications ; dites-nous jusqu’où s’étend cette sphère d’influence qui, d’après vous, s’ouvrirait sur la rive gauche du Nil et se prolongerait, on ne sait où, vers le nord. En un mot, vous nous présentez une réclamation vague, incertaine, formulée dans des termes qui prêtent à des interprétations diverses ; vous réunissez dans une seule phrase la sphère d’influence de l’Egypte et la sphère d’influence de l’Angleterre. Dites-nous alors où s’arrête l’Egypte et où commence cette sphère que vous réclamez. Vous désirez qu’à l’heure présente, — et prématurément à mon avis, — nous réglions l’avenir de ces régions. Vous voulez obtenir notre adhésion, sans même nous expliquer à quoi nous devons adhérer. Dans de telles conditions, ne vous étonnez pas que nous refusions notre acquiescement et que nous réservions notre entière liberté. »
Si nous sommes parvenu à expliquer les élémens et la genèse même de la question, les observations de M. le ministre des affaires étrangères doivent revêtir à tous les yeux une clarté et un relief saisissans. Qu’y a-t-on répondu ? Rien. Jamais on n’a reçu une réponse quelconque du cabinet de Saint-James. Il a préféré parler de tout autre chose, de Sierra-Leone par exemple, sujet intéressant sans doute et sur lequel nous sommes arrivés à une entente fort heureuse ; mais, pour ce qui concerne le Haut-Nil, silence complet, silence de mort. À ce silence, nous ne pouvions correspondre qu’en nous taisant et nous réservant nous-mêmes. Sir Edward Grey, M. Chamberlain et la presse anglaise ont-ils le droit d’en conclure, comme ils le font, que nous reconnaissons les droits de l’Angleterre sur la sphère d’influence que l’Allemagne a pu lui abandonner, parce qu’elle n’en a que faire pour son compte ? Non, certes. Les droits ne se créent point par prétérition, surtout lorsqu’ils viennent à l’encontre d’autres droits expressément affirmés. D’ailleurs, nous avons fait connaître notre opinion. Si nous n’avons pas poursuivi une conversation qu’on laissait tomber volontairement, lorsque des actes se sont produits, nous avons agi. Et c’est là ce qu’il est important de rappeler. Qui a pu oublier l’arrangement que l’Angleterre a fait avec l’État du Congo le 12 mai de l’année dernière ? À ce moment, l’Angleterre a disposé de toute une partie de la rive gauche du Nil et du bassin du grand fleuve, comme si ces vastes régions lui appartenaient en toute souveraineté. Elle les a cédées à bail à l’État du Congo, dans des conditions diverses suivant les endroits. Qu’est-ce à dire ? L’Angleterre continuait-elle à reconnaître les droits de l’Egypte et de la Porte sur ces territoires ? Elle se contentait de dire qu’elle les connaissait ; en même temps, elle les violait, puisqu’elle n’avait consulté ni