qu’il n’y ait plus de France. Le droit égyptien n’est pas la mesure, ni la doublure, mais bien la limite du droit anglais. Celui-ci s’arrête où celui-là commence. Tel est le principe que nous avons posé dès le début, et auquel nous sommes restés constamment fidèles. Rien ne nous en fera dévier. Aussi, lorsque l’Angleterre nous a interrogés sur l’arrangement qu’elle a fait, en 1890, avec l’Allemagne, en nous demandant d’y adhérer, avons-nous été bien embarrassés, car c’est l’œuvre la plus chaotique qu’on ait jamais rédigée en écriture de chancellerie. L’Allemagne et l’Angleterre, faisant entre elles l’essai d’une de ces associations en participation où l’une cède quelque chose qui lui appartient, — peut-être, — pour qu’on lui reconnaisse d’immenses territoires qui ne lui appartiennent pas, — certainement, — l’Allemagne et l’Angleterre, après avoir dépecé les États de Zanzibar, ont tourné les yeux vers l’ouest. L’Allemagne se contentait de son lot zanzibarien, mais l’Angleterre voulait tirer parti de l’occasion pour se faire adjuger, jusqu’au centre même de l’Afrique, des possessions indéterminées. On a donc fixé, le 1er juillet 1890, la sphère d’influence britannique. Mais jusqu’où s’étend-elle ? Bien habile qui le dira. Sur la rive droite du Nil, sa limite, au nord, s’arrête aux confins de l’Egypte. Où sont ces confins ? Ici, l’intérêt de l’Angleterre est de les réduire le plus possible, de les faire remonter vers le nord, afin d’envahir et de se développer dans une proportion égale. Encore avons-nous là une limite, douteuse à la vérité, imprécise et fuyante, mais que, finalement, il faudra bien mettre quelque part. Passons sur la rive gauche du Nil : tout change. On croit généralement, n’est-ce pas ? que l’Egypte s’étend sur la rive gauche aussi bien que sur la droite : ni l’Angleterre ni l’Allemagne n’ont paru s’en souvenir en 1890. A l’ouest, les limites fixées par leur arrangement à la sphère d’influence britannique sont « l’État libre du Congo et la ligne occidentale du partage des eaux du bassin du Haut-Nil. » Ce n’est plus, cette fois, la vallée, mais le bassin du Nil qui est en cause. On voit bien, ou à peu près, jusqu’où il s’étend l’ouest : c’est jusqu’à l’État libre du Congo. Mais au nord, où s’arrête-t-il ? Pourquoi n’a-t-on pas parlé de nouveau des confins de l’Egypte ? Cette expression, bien qu’un peu vague, aurait présenté quelque chose à l’esprit, ne fût-ce qu’un nuage. On s’est bien gardé d’en user, et pourquoi ? Parce qu’on a voulu empiéter sur le domaine égyptien, et le faire entrer, par une confusion inadmissible, dans la sphère d’influence de l’Angleterre.
Les preuves abondent : il y en a de morales, il y en a de matérielles. Les preuves morales résultent du discours même de M. Hanotaux. Notre ministre des affaires étrangères a raconté que, sollicité de reconnaître la zone d’influence britannique sur le Haut-Nil, il a demandé tout naturellement les explications qui s’imposent, qui se présentent tout de suite à l’esprit, et que nous venons d’indiquer en termes