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Page:Revue des Deux Mondes - 1895 - tome 129.djvu/397

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du pays, et se contente de rester dans son rôle d’information. Aussi l’étonnement fut-il grand à Djeddah, au mois de mars 1894, lorsqu’on vit débarquer le maréchal Assad-Pacha, envoyé spécial du sultan, porteur, disait-on, d’une somme de 40 000 livres turques pour la construction d’asiles et d’hôpitaux au Hedjaz; tandis que jusque-là le gouvernement s’était borné à affecter une somme dérisoire à l’entretien des hôpitaux et à l’assainissement de la voie publique à la Mecque. Mais, quelques jours après, le premier délégué de la Turquie à la Conférence de Paris donnait la clef de la mission en déclarant, dès les premières séances, que les mesures qui venaient d’être prises sur l’ordre du sultan, dans la Mer-Rouge et au Hedjaz, allaient pour ainsi dire au-devant des idées émises par les promoteurs de la Conférence. Turkan-Bey ajoutait qu’une réorganisation complète était en train de s’opérer aussi bien à Camaran, à Abou-Saad, à Vasta, à Elwesch qu’à la Mecque, Médine et Djeddah. La Turquie voulait mettre la Conférence en présence d’un fait accompli pour éviter l’ingérence, toujours redoutée, de l’Europe dans l’assainissement du pèlerinage. Le maréchal Assad-Pacha, d’après les déclarations de Turkan-Bey, était déjà à la Mecque pendant que la Conférence était réunie. Le séjour d’Assad-Pacha à la Mecque, cependant, ne fut pas de longue durée. Il ne put s’entendre avec le grand-chérif et le vali d’alors, Ahmed-Ratif-Pacha. Trois mois après il fut rappelé à Constantinople. La Conférence de Paris avait clos ses séances.

Cependant, en dépit de ces belles assurances, rien n’a été commencé jusqu’à présent à Djeddah ! On a bien dit qu’on avait jeté à la Mecque les fondemens d’un vaste établissement dont les murs commençaient même à sortir du sol; on a assuré qu’une vingtaine de maçons, sans compter leurs aides, y travaillaient ; on a même vu débarquer, pendant les dernières semaines d’avril 1894, une assez grande quantité de barres de fer et de briques destinées à l’hôpital de la Mecque. Mais une partie de ces matériaux gît encore sur le rivage de Djeddah. Rien n’a été fait pour l’hygiène. Il est à craindre qu’il en soit longtemps ainsi, dans l’état politique actuel du Hedjaz; les Turcs, malgré leur bonne volonté, n’y peuvent rien ou presque rien ; s’ils insistaient, ils auraient bien vite une révolte comme celle qui a sévi sur l’Yémen, il y a deux ans, et on comprend qu’ils ne s’en soucient guère. J’ajouterai que les subsides envoyés de Constantinople sont partagés en grande partie, dans leurs différentes étapes, par ceux qui sont chargés de les utiliser pour le bien public.

Une étuve a été transportée, non sans de grands frais et de