consul général, ou transigea. Le gouverneur fut révoqué et ne fut pas traduit on justice ; le Français bâtonné reçut une forte indemnité ; et de tous les intervenans, ce fut lui qui se trouva le plus satisfait. L’affaire ainsi réglée, M. de La Valette se rendit au palais pour prendre congé du vice-roi. Le pacha ne dérogea pas à sa courtoisie habituelle, mais son attitude témoignait de la pénible impression que lui avait laissée l’obligation de frapper publiquement un homme qu’il considérait comme appartenant à sa parenté.
Mehemet-Ali trouva bientôt l’occasion de prouver qu’il n’avait pas gardé un souvenir durable du conflit survenu entre lui et le consulat général de France. On lui annonça que le plus jeune fils du roi Louis-Philippe, le duc de Montpensier, était en route pour entreprendre un voyage on Égypte ; il en manifesta une joie délirante. Il avait toujours présent le souvenir des services que la France lui avait rendus en 1840 et l’âme remplie de la gratitude qu’il lui en gardait. Ces sentimens n’étaient pas partagés par tous ses conseillers, ni à un égal degré par tous les princes de sa famille ; il le leur a souvent reproché, et sa première pensée, en cette circonstance, fut de ne rien négliger pour affirmer ses convictions, pour en faire étalage. Sans perdre un instant, et avec une ardeur peu commune à son âge, il donna tous les ordres nécessaires, pour assurer à son hôte la plus splendide réception, prenant soin d’en contrôler lui-même, chaque jour, rentière exécution, pour mieux montrer le prix qu’il, mettait à reconnaître la sollicitude que le gouvernement du roi lui avait témoignée au jour des grands périls.
Le duc de Montpensier arriva à Alexandrie le 30 juin 1845. La frégate à vapeur, le Gomer, qui l’avait amené, mouillait à peine en rade que Saïd-Pacha, amiral de la flotte, second (ils de Mehemet-Ali, montait à bord, apportant à l’auguste voyageur « l’expression de la grande satisfaction que son père ressentait de la faveur que le ciel lui accordait en lui envoyant un fils du roi. » En même temps, Artin-Bey, ministre des affaires étrangères, se présentait au consulat général, que je gérais île nouveau en ce moment, pour se concerter avec moi sur toutes les mesures propres à donner un éclat exceptionnel à la présence du prince français à Alexandrie. Dès qu’il quitta le Gomer, le duc de Montpensier fut salué par toutes les batteries des forts et de la flotte et il fut conduit par Saïd-Pacha, dans les voitures de la cour, au palais qu’il devait habiter et que l’on avait soigneusement aménagé. Quelques instans après, à la surprise générale, Mehemet-Ali, suivi