L’Espoir qui plane encore au fond du ciel vernal,
De son vol immortel frôle les fronts moroses
Et fait tinter l’or clair du rire matinal
Dans l’éblouissement des rayons et des roses ;
Des arbres printaniers ne vois-tu pas neiger
En l’herbe haute les pétales blancs et roses ?
Sens-tu dans tes cheveux frémir le vent léger
Imprégné de l’ivresse unanime des choses,
Et l’heure resplendir dans l’auroral verger ?
Le hautbois chante au loin un chant irrésistible
Et tendre, qu’il alterne ou confond tour à tour
Avec les sons vibrant sous l’archet invisible,
Voluptueux et long, des violes d’amour ;
Dans l’air harmonieux passent en vols de rêve
Les ramiers roucoulans dont voici le retour.
Savoure la douceur de l’instant qui s’achève,
L’allégresse infinie et l’extase du jour ;
L’heure délicieuse est l’heure qu’on sait brève.