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Page:Revue des Deux Mondes - 1895 - tome 129.djvu/692

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200 millions et constitue chaque année un déficit non apparent.

Rapide a été la progression des ressources extraordinaires obtenues de 1875 à 1893 par ces expédiens variés. En 18 ans, de 1875 à 1893, le total des recettes extraordinaires réalisées effectivement est monté à 4 milliards 295 millions de lires. La dette consolidée et la dette amortissable s’élèvent à 12 milliards 720 millions de lires environ, en capital, et à 597 millions et demi, en intérêts.

En même temps s’accroissait la dette flottante, qui prend, en Italie, des formes multiples : bons du Trésor à courte et à longue échéance, traites diverses sur le Trésor, avances statutaires des banques d’émission, comptes courans, service des pensions, découvert du Trésor, billets d’Etat en circulation, billets d’Etat remis aux banques en couverture de 200 millions d’or pris dans leurs réserves.

La dette flottante s’élève actuellement à 1 milliard 621 millions environ, en capital, et à 30 millions en intérêts. Mais les élémens de cette dette flottante ne présentent pas tous le caractère d’une échéance prochaine ; les bons à longue échéance[1] sont remboursables en cinq ans, après la sixième année qui suit leur émission ; les avances statutaires des banques d’émission qui sont le prix du privilège et qui coûtent peu à l’Etat ne sont pas menaçantes.

Ainsi, une dette consolidée, une dette amortissable et une dette flottante s’élevant ensemble à un chiffre de plus de 14 milliards, voilà la dette d’un royaume qui n’a que 24 ans d’existence.

C’est pour combler les déficits constans que l’Italie a eu recours à une série d’expédiens onéreux.

De 1875 à 1881, période de sagesse, les exercices s’étaient soldés alternativement par des excédents et des déficits et l’insuffisance totale s’était arrêtée à 36 millions de lires.

De 1881 à 1887, l’adhésion à la Triplice a porté ces défunts à la somme d’environ 81 millions.

De 1887 à 1893, c’est par des déficits de 150 à 300 millions que se soldent les comptes.

Le déficit annuel atteint en moyenne depuis 1881, c’est-à-dire depuis l’adhésion à la Triplice, 150 millions de lires ; dans la même période, l’augmentation moyenne des dépenses militaires annuelles s’est élevée à la somme de 135 millions, ce qui représente, à 15 millions près, le chiffre même du déficit. L’Italie aurait

  1. Créés par la loi du 7 avril 1892.