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ce qui représente une augmentation de 43 pour 100[1].

La progression constante des dépenses communales a provoqué une progression parallèle des impôts et des emprunts, dont le produit est venu s’ajouter aux maigres ressources du patrimoine communal[2].

Les impôts communaux, de 1875 à 1891, ont reçu un accroissement notable ; les taxes de consommation ont été relevées de 73 pour 100, les surtaxes foncières de 22 pour 100, la taxe de famille de 69 pour 100, les taxes et droits divers de 60 pour 100[3]. L’accroissement des impôts, le produit du patrimoine communal ne pouvaient suffire à l’exagération des dépenses que les communes se sont efforcées de solder par l’emprunt qui a régulièrement fait progresser les dettes municipales. De 757 millions de lires, en 1877, la dette s’est élevée à 1 175 millions de lires, en 1891. Ce sont les villes les plus importantes, Rome, Naples, dont la dette s’est le plus accrue. L’ensemble des communes rurales a beaucoup moins souffert du fléau de l’emprunt[4].

Comme l’Etat, les communes ont emprunté pour équilibrer leurs budgets, sans cesse en déficit. En 1891, le déficit était de 48 millions 700 000 lires. Il s’était élevé à 90 millions, en 1888[5].

Les finances des provinces ont suivi une marche analogue à la marche des finances communales. L’ensemble, des dépenses a passé de 80 à 109 millions et demi, soit une augmentation de 36 pour 100 environ. Les surtaxes d’impôt foncier, qui

  1. Dans ces chiffres généraux, les finances des grandes villes occupent une place importante qu’il serait intéressant de dégager, mais les données des documens statistiques n’en permettent pas la décomposition.
  2. Il s’en faut de beaucoup que tout le patrimoine immobilier soit mis en valeur. En 1891, 243 000 hectares de biens communaux étaient encore incultes, faute de capitaux. Les statistiques italiennes indiquent que, malgré les divers partages intervenus entre les habitans, 414 000 hectares sont encore affectés aux services municipaux ou sont restés sous l’administration directe des communes, mais les statistiques ne disent pas si les 243 000 hectares restés incultes sont compris dans ces 414 000 hectares. Le patrimoine mobilier comprenait, en 1891, 5 millions de lires, qui ont subi la réduction résultant du relèvement de l’impôt sur la richesse mobilière.
  3. Ce n’est pas seulement en France que l’on voit la partie additionnelle de l’impôt affectée aux localités prendre des proportions inquiétantes.
    En 1891, les taxes de consommation perçues pour le compte des communes italiennes dépassaient de 214 pour 100 les taxes de consommation perçues pour le compte de l’État.
    Les surtaxes d’impôt foncier provinciales et communales étaient du double du principal.
  4. Rome, qui avait 31 millions de dettes en 1813, en a 211 en 1889, soit un capital de 499 lires par tête d’habitans. Naples a passé de 70 à 131 millions dans la même période.
  5. Pour Rome seule, le déficit, de 6 millions, en 1891, s’élevait après de 26 millions, en 1888.