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nation ne menace et qui pourrait être un grand État pacifique, voulait ramener son budget de la guerre aux limites raisonnables de l’année 1881, elle retrouverait la prospérité.

Ce serait l’équilibre budgétaire, ce serait le raffermissement d’un crédit ébranlé par l’impôt récent sur la rente, ce serait le remède à une situation économique troublée par l’exagération de dépenses stériles. Avec l’équilibre budgétaire, condition essentielle de la cessation du cours forcé, avec l’amélioration de l’état économique et la confiance qui suivrait le relèvement du crédit public, la crise des banques pourrait prendre fin par le rétablissement de la circulation monétaire.

L’Italie est une terre féconde et en général salubre, elle occupe sur la carte du globe une position géographique sans rivale. Ses marins ne le cèdent à aucuns. Ce que pourraient faire ses agriculteurs sur un sol moins écrasé d’impôts, on le peut voir par l’exemple de ses émigrés qui ont transformé en magnifiques champs de blé les plaines de l’Amérique du Sud. Ses négocians ont montré qu’elle pouvait être l’activité laborieuse de la race, quand ils ont fait revivre dans le nouveau monde les traditions de leurs ancêtres du moyen âge.

L’Italie peut trouver dans ses institutions plus de facilité que d’autres nations pour avoir la continuité de vues qui permet une politique suivie. Elle a un gouvernement capable de défendre l’intérêt général contre les sollicitations égoïstes des intérêts locaux et privés, son parlement ne subit pas l’action dissolvante des oppositions antidynastiques et peut contenir des majorités homogènes. Peu de pays ont une législation financière aussi perfection née[1]. Riche en ressources, riche en hommes, l’Italie, si elle veut, peut espérer voir s’ouvrir encore devant elle de brillantes destinées. Si elle le veut, elle peut reprendre le cours interrompu de son brillant développement économique.


ARIEN DUBIEF.

  1. Les réformes de législation financière préconisées dans ces vingt dernières années ont été réalisées d’abord en Italie.