sphérique, empêchèrent le gros des physiciens d’adopter cet instrument ; le thermomètre de Florence garda leurs préférences. Il était donc nécessaire de construire des thermomètres à esprit-de-vin qui fussent comparables entre eux ; c’est ce que fit Réaumur.
Réaumur observa, en 1730, qu’un thermomètre placé dans l’eau qui se congèle atteint un certain degré et y demeure fixé tant que l’eau n’est pas en entier solidifiée ; dans quelque circonstance que l’on se place pour amener l’eau à se solidifier, le même thermomètre, plongé dans le liquide qui se congèle, revient au même point ; la température de congélation de l’eau est donc une température toujours identique à elle-même, une température fixe. Les progrès de la physique ont apporté à cette loi des corrections ; ils ont révélé des causes qui font varier le point de congélation de l’eau ; ils ont amené les physiciens à prendre pour température fixe non plus le point de congélation de l’eau, mais le point de fusion de la glace ; à s’entourer, dans l’observation de ce point, des plus minutieuses précautions ; mais ni ces corrections, pour nécessaires qu’elles soient, ni le fait que les académiciens de Florence avaient incidemment reconnu l’invariabilité du point de fusion de la glace, ne diminuent l’importance de la découverte de Réaumur.
De cette découverte d’une température fixe, Réaumur déduisit le moyen de fabriquer des thermomètres à esprit-de-vin comparables entre eux.
Que l’on plonge, dans de l’eau en voie de congélation, une ampoule de verre, prolongée par un tube fin et remplie d’esprit-de-vin ; qu’à l’endroit où vient affleurer le liquide on trace un trait marqué zéro ; que l’on détermine le volume occupé parle liquide dans ces conditions ; que l’on divise le tube en tronçons dont la capacité intérieure représente, à la température de congélation de l’eau, des parties aliquotes de ce volume, des millièmes par exemple ; que l’on numérote ces divisions à partir du trait marqué zéro. Si, dans une expérience, on voit l’esprit-de-vin affleurer à la division marquée cinq, on saura qu’entre la température de congélation de l’eau et la température de l’expérience, l’esprit-de-vin, contenu dans le verre, a subi une dilatation apparente égale à cinq millièmes. Si l’on a soin d’employer toujours, dans la construction des thermomètres, un esprit-de-vin doué des mêmes propriétés, — et Réaumur prescrit des règles minutieuses pour la préparation d’un tel liquide, — si l’on néglige les changemens que la nature variable du verre apporte à la loi de dilatation du récipient thermométrique, on obtiendra de la sorte des instrumens qui marqueront tous le même degré lorsqu’ils seront également