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de la première. Ainsi, lorsqu’on échauffe également deux masses d’air en maintenant invariables les volumes des récipiens qui les contiennent, les pressions supportées par ces deux masses demeurent dans un rapport constant. Telle est la première observation d’Amontons.

La seconde, qui se peut faire avec un thermomètre arbitrairement gradué, est la suivante : la température de l’eau bouillante est invariable ; non seulement le thermomètre, plongé dans l’eau, garde après plusieurs heures d’ébullition le niveau auquel il était monté lorsque l’eau jetait ses premiers bouillons, mais encore, toutes les fois qu’on l’immerge dans l’eau bouillante, on le voit remonter au même point. Pour être rigoureux, Amontons aurait dû ajouter cette restriction : pourvu que la pression de l’atmosphère ait, dans toutes ces expériences, la même valeur ; cette restriction, dont Newton connaissait déjà l’importance, les progrès ultérieurs de la physique en ont indiqué la nécessité.

Que l’on prenne une ampoule pleine d’air reliée à un manomètre ; que l’on marque avec soin la pression qui maintient l’air dans cette ampoule lorsqu’elle est plongée dans l’eau bouillante, puis la pression qui, dans une autre circonstance, ramène cet air au même volume ; le rapport de cette dernière pression à la première pourra être regardé comme exprimant le rapport entre la température à laquelle l’air était porté dans cette dernière circonstance et la température fixe de l’eau bouillante ; ce rapport aura la même valeur quel que soit le thermomètre, ainsi construit, dont on fasse usage, en sorte que l’on aura un moyen assuré d’obtenir des instrumens comparables entre eux.

Ainsi, à l’exemple de Drebbel, Amontons propose comme thermomètre une masse d’air qu’une pression variable maintient sous volume constant ; la règle par laquelle, à chaque degré de chaud et de froid, il attache une certaine température, c’est-à-dire un certain nombre d’autant plus grand que la chaleur est plus intense, d’autant plus petit que le froid est plus vif, est la règle même à laquelle Desormes et Clément d’une part, Laplace de l’autre, reviendront un siècle plus tard ; c’est la règle que les travaux de Sadi Carnot, de Clausius, de W. Thomson, proposeront pour mesurer la température absolue.

Les raisons profondes qui nous font, aujourd’hui, préférer à toute autre la définition de la température proposée par Amon- tons ne pouvaient être devinées au début du XVIIIe siècle. Les grandes dimensions et la forme peu maniable du thermomètre qu’ Amontons avait imaginé, la nécessité, pour en interpréter les indications, d’avoir égard aux variations de la pression atmo-