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Page:Revue des Deux Mondes - 1895 - tome 129.djvu/883

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L’agitation des particules frappées par la lumière gagne de proche en proche celles qui n’ont pas été éclairées ; la chaleur se propage. Le mouvement calorifique ne cesse pas au moment même où cesse d’agir la cause qui l’a engendré ; ce n’est que peu à peu que les particules du troisième élément reviennent à l’équilibre ; ce n’est que peu à peu que la chaleur se dissipe.

Ces particules matérielles auxquelles la chaleur a communiqué un mouvement inusité, ne peuvent plus être contenues dans un espace aussi étroit que lorsqu’elles étaient soit au repos, soit animées d’un mouvement moins violent, car elles ont des figures irrégulières, en sorte qu’elles occupent moins de place lorsque le repos les laisse enchevêtrées que lorsqu’une agitation continuelle les sépare et les brouille d’une manière désordonnée ; aussi la chaleur dilate-t-elle presque tous les corps, les uns plus, les autres moins, selon la figure et l’arrangement des particules qui les composent.

Dans un corps liquide, les plus petites parties se remuent diversement l’une l’autre ; aussi les parties de la flamme, perpétuellement agitées, peuvent-elles, en leur communiquant de leur mouvement, rendre liquides la plupart des corps. Quand le feu fond les métaux, il n’agit pas avec une autre puissance que lorsqu’il brûle le bois. Mais parce que les parties des métaux sont toutes à peu près égales entre elles, la flamme ne peut les remuer l’une sans l’autre, et ainsi elle en compose des corps entièrement liquides ; au lieu que les parties du bois sont tellement inégales qu’elle peut séparer les plus petites, et les rendre fluides, c’est-à-dire les faire « voler en fumée », sans agiter au même degré les plus grosses.

Agitées par le feu, les diverses parties d’un corps exerceront des pressions variables sur l’éther qui les environne, et ces pressions, transmises instantanément aux régions les plus lointaines de cet éther, ne seront autre chose que la lumière émise par le corps incandescent.

Ce mouvement qui dilate les corps, qui les fond, qui les réduit en cendres et en fumée, qui donne de la lumière, nous explique aussi pourquoi la flamme nous échauffe ; tout ce qui remue diversement les petites parties de nos mains peut exciter en nous la sensation de chaud, « car, en se frottant seulement les mains, on les échauffe ; et tout autre corps peut aussi être échauffé, sans être mis auprès du feu, pourvu seulement qu’il soit agité et ébranlé, en telle sorte que plusieurs de ses petites parties se remuent et puissent remuer avec soi celles de nos mains. »

Or, — c’est un des points fondamentaux de la doctrine carté-