sienne, — à un assemblage de corps en mouvement correspond un nombre, nombre qui mesure l’intensité de l’agitation dont ce système de corps est animé, la quantité de mouvement qu’il possède ; ce nombre est doublé lorsqu’on double soit la grandeur de l’un des corps qui se meuvent, soit la vitesse qui entraîne ce corps. Ce nombre s’obtient, en un mot, en multipliant chaque masse mobile par la vitesse qui l’anime et en ajoutant entre eux tous les produits obtenus.
Dans un corps échauffé, sont des particules animées d’un mouvement peu ample, mais très rapide ; de ce mouvement, un corps donné, porté à un degré de chaleur déterminé, contient une certaine quantité ; cette quantité de mouvement calorifique dans un corps chaud, c’est la quantité de chaleur qu’il renferme.
Plus les particules agitées seront grosses, plus sera rapide le mouvement qui les anime, plus le corps échauffé possédera de chaleur. Le mouvement des parties de l’air, qui le rend extrêmement fluide, ne lui donne pas la puissance de brûler, car « entre les parties de l’air, s’il y en a de fort grosses, comme sont les atomes qui s’y voient, elles se remuent aussi fort lentement ; et s’il y en a qui se remuent plus vite, elles sont aussi fort petites. » Au contraire, parmi les parties de la flamme, « il y en a plus grand nombre d’égales aux plus grosses de celles de l’air, qui avec cela se remuent beaucoup plus vite. » Celles-là seules ont une quantité de mouvement assez grande pour brûler, comme il paraît « en ce que la flamme qui sort de l’eau-de-vie ou des autres corps fort subtils, ne brûle presque point, et qu’au contraire celle qui s’engendre dans les corps durs et pesans est fort ardente. »
Ainsi, à la notion purement qualitative de chaud et de froid que les physiciens avaient considérée jusqu’à lui, Descartes fait correspondre une notion quantitative, une grandeur, la quantité de chaleur, et, par là, il fait rentrer l’étude de la chaleur dans cette arithmétique universelle, appelée, selon lui, à embrasser tout le champ des sciences physiques.
Cette idée de quantité de chaleur, créée par Descartes, traversera tout un siècle sans éprouver presque aucune modification ; elle subira, il est vrai, le contre-coup de la révolution dont la dynamique va être l’objet ; Leibniz va montrer que la règle proposée par Descartes pour apprécier l’intensité de l’agitation qui anime un ensemble de corps est mal choisie ; qu’à cette règle il en faut substituer une autre ; qu’au lieu de multiplier la masse de chaque corps par sa vitesse, il faut la multiplier par le carré de cette vitesse ; qu’en un mot le rôle attribué par la philosophie cartésienne à la quantité de mouvement doit être