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et sur lequel le docteur Lauth a surtout insisté dans son étude sur la station climatérique de Leysin parue en 1893. D’un autre côté, en respirant un air raréfié, on introduit dans sa poitrine moins d’oxygène sous un même volume : il faut donc multiplier les inspirations et leur donner plus d’ampleur pour arriver au même résultat ; la respiration devenant plus large et plus profonde met en jeu les régions paresseuses des poumons, celles qui ne fonctionnent pas en temps ordinaire, et ce sont les sommets, c’est-à-dire les parties que leur peu d’activité fonctionnelle expose plus particulièrement à l’invasion des bacilles et de la phtisie. La gymnastique respiratoire que nécessite la diminution de la pression atmosphérique et la pureté de l’air rendent donc le séjour des altitudes éminemment favorable aux jeunes sujets prédisposés à la tuberculose. Si l’on joint à ces heureuses conditions le calme habituel de l’atmosphère, si l’on tient compte de la durée plus grande de l’insolation sur les hauteurs, on ne sera pas surpris que le séjour des altitudes ait été conseillé aux sujets débiles et surtout à ceux qui ont la poitrine délicate.

Il est toutefois un danger contre lequel ils doivent se prémunir : c’est l’abaissement de la température. Elle décroît, comme on le sait, à mesure qu’on s’élève ; mais sa marche est plus irrégulière sur les hauteurs que dans les plaines. Les variations diurnes sont très prononcées dans les climats alpestres, et cela s’explique par le voisinage des glaciers et des neiges, dont l’influence se fait sentir d’autant plus fortement que la chaleur a été plus élevée pendant le jour. A Saint-Moritz, dans les Grisons, par une altitude de 1726 mètres, il faut être toujours vêtu comme en hiver, et le matin on voit souvent les prairies et les toits couverts de neige, même en été. Aussi doit-on bien se garder de rester dehors après le coucher du soleil.

L’humidité de l’air et l’électricité varient avec l’exposition, mais aussi avec l’altitude. Il existe, d’après Lombard, de Genève, une zone intermédiaire où elles sont à leur maximum. Dans les Alpes, cette zone se rencontre entre 600 et 1 200 mètres. Là, la pluie et les orages sont plus fréquens que dans la plaine et que sur les hauts sommets.

La vogue des stations alpestres ne remonte pas à plus de trente ans. Le docteur Bonington, praticien du Warwickshire, avait bien, au commencement du siècle, recommandé l’air sec et froid dans la consomption pulmonaire ; mais ce conseil, en opposition absolue avec les idées du temps, n’avait eu aucun retentissement, lorsque, en 1864, le docteur Hermann Weber, rompant avec les traditions, émit l’avis formel d’envoyer les phtisiques dans les altitudes froides et de les y laisser passer l’hiver. Le