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l’hiver ; ils ne regrettent pas la peine qu’ils se sont donnée. C’est un séjour délicieux. La mer et le ciel y sont de ce bleu intense particulier à la Méditerranée. On y compte en moyenne 200 jours par an sans un nuage, sans une goutte d’eau. Le printemps y est ravissant, la végétation d’une richesse et d’une variété splendides. Les constitutions délicates s’y fortifient. Les sujets prédisposés à la tuberculose eux-mêmes s’en trouvent bien. J’ai eu l’occasion de voir nombre de jeunes officiers dont la poitrine m’inspirait des inquiétudes, revenir bien portans, après un séjour de quelques années dans le nord de l’Afrique. Les Anglais, qui sont de grands navigateurs, promènent leurs malades sur tous les points de la Méditerranée. Ils les mènent en Égypte, en Grèce, aux îles Ioniennes, à Madère, qui n’est pas plus loin de chez eux.


V

Pour compléter mon programme, il me reste à dire un mot des stations thermales envisagées au point de vue de la villégiature. Ce n’est pas une digression, car, parmi les personnes qui fréquentent les eaux minérales, les malades sont en minorité. Les Romains en avaient donné l’exemple. Lorsqu’ils émigraient vers les thermes du nord de l’Italie ou du midi des Gaules, ils y étaient attirés par des mobiles qui n’avaient rien à voir avec le soin de leur santé. Ils allaient y chercher le plaisir, et c’est encore ce qui se passe aujourd’hui.

Parmi les gens bien portans qui fréquentent les eaux minérales, les uns y viennent pour retrouver leur milieu et continuer leur genre de vie ; d’autres y accompagnent des malades ou des amis ; et tout ce monde forme une société très gaie et très mouvante. Au confortable des hôtels se joignent les distractions que la localité permet de prendre. Elles sont très variées dans les stations à la mode, les seules qui soient recherchées par les personnes en santé. Pendant le jour, ce sont les promenades dans les environs, les excursions dans les montagnes, à cheval ou à des de mulet, et tout est disposé dans les hôtels pour organiser ces parties de plaisir avec un grand confortable. Les malades, pendant ce temps-là, se réunissent dans le parc où l’on entend de la musique ; on y lit, on s’y promène, on y cause de son mal avec le premier venu ; la goutte y fraternise avec la dyspepsie, et l’après-midi se passe. Le soir on se retrouve au Casino où se donnent des concerts, où se jouent de petites pièces de théâtre. Ces soirées finissent de très bonne heure et les malades eux-mêmes peuvent y assister. Les joueurs des deux sexes se pressent autour des tables de baccara, de roulette, ou font tourner les petits chevaux. Dans certains hôtels on donne